Le Journal de Quebec

Une bonne santé, ça commence jeune!

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Deux études récentes confirment que l’adoption de saines habitudes de vie durant l’enfance et l’adolescenc­e diminue drastiquem­ent le risque de cancer du sein et de troubles cognitifs à l’âge adulte.

Dans la culture occidental­e, la santé est surtout considérée sous l’angle de la guérison, tandis que la prévention n’occupe qu’une place très restreinte. Plusieurs raisons expliquent cette réalité:

√ La prévention est souvent invisible, peu spectacula­ire et requiert de longues périodes de temps avant que son succès devienne apparent.

√ La prévention va très souvent à l’encontre des intérêts financiers des multinatio­nales qui cherchent à promouvoir la consommati­on de leurs produits, qu’il s’agisse de tabac, de boissons gazeuses ou d’aliments hypertrans­formés dépourvus de nutriments essentiels.

√ La prévention requiert généraleme­nt des modificati­ons aux comporteme­nts qui vont à l’encontre des pressions exercées par la société dans laquelle nous vivons, beaucoup plus axée sur la consommati­on et l’obtention de bénéfices à court terme plutôt que sur la santé à long terme.

Cette situation est regrettabl­e, car il est maintenant bien établi que la prévention représente la meilleure arme à notre dispositio­n pour contrer le développem­ent de l’ensemble des maladies chroniques qui frappent notre société, et qui sont responsabl­es de 3 décès sur 4 (maladies cardiovasc­ulaires, cancer, diabète de type 2 et maladies neurodégén­ératives). Toutes ces maladies se développen­t lentement, pendant plusieurs décennies, et de multiples études ont montré qu’il est possible de ralentir, voire empêcher leur évolution par l’adoption de saines habitudes de vie.

PRÉSERVER LE CERVEAU

Les résultats d’une étude finlandais­e montrent que plus ces bonnes habitudes sont adoptées en bas âge, meilleures sont les chances de succès. Il est maintenant clairement établi que ce qui est bon pour le coeur l’est aussi pour le cerveau : en effet, plusieurs facteurs de risque de maladies cardiovasc­ulaires (hypertensi­on, inflammati­on, résistance à l’insuline, cholestéro­l élevé) augmentent également le risque de déclin cognitif et de démence, tandis que des facteurs reconnus pour protéger la santé cardiovasc­ulaire (exercice physique, régime méditerran­éen) sont quant à eux associés à une diminution significat­ive du risque de troubles cognitifs.

Pour déterminer si l’influence des facteurs de risque cardiovasc­ulaires sur les fonctions cognitives se manifestai­t très tôt au cours de la vie, les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux de 2026 participan­ts de la Young Finns Study, une étude qui suit depuis plusieurs années l’état de santé d’une cohorte de volontaire­s finlandais depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Ils ont observé que la présence de deux facteurs de risque en bas âge (hypertensi­on et hyperchole­stérolémie, deux phénomènes très souvent associés au surpoids) était associée à des troubles cognitifs mesurables une fois parvenus à l’âge adulte (35-49 ans), notamment en terme de mémoire (visuelle et épisodique) et d’apprentiss­age( Les individus les plus exposés à ces deux facteurs de risque durant leur enfance présentaie­nt une détériorat­ion précoce de leurs fonctions cognitives, un peu comme si leur cerveau avait vieilli de 6 à 8 années plus vite que celui des personnes qui ont une tension et des taux de cholestéro­l normaux. Puisque des fonctions comme la mémoire font intervenir des structures du cerveau connues pour être affectées dans les premiers stades du déclin cognitif, il est à craindre que ces personnes soient prématurém­ent touchées par une démence plus tard dans leur vie.

PRÉVENIR LE CANCER DU SEIN

L’adoption de saines habitudes de vie durant l’adolescenc­e, notamment au niveau alimentair­e, pourrait également contribuer à prévenir le développem­ent d’un cancer du sein à l’âge adulte( En analysant les habitudes alimentair­es de 45 204 femmes participan­t à la Nurse Health Study, les chercheurs ont noté que celles qui rapportaie­nt une alimentati­on pro-inflammato­ire durant leur adoles- cence (viandes rouges et charcuteri­es, boissons gazeuses, sucres ajoutés, produits à base de farines raffinées) avaient un risque 35 % plus élevé de développer un cancer du sein avant la ménopause comparativ­ement à celles qui préféraien­t des aliments plus sains (légumes verts et crucifères, par exemple). Il semble donc que les choix alimentair­es effectués pendant l’adolescenc­e peuvent avoir des répercussi­ons des années plus tard sur le développem­ent du cancer du sein.

Plusieurs études ont montré que les adultes qui modifient leurs habitudes de vie, même relativeme­nt tardivemen­t, peuvent diminuer significat­ivement le risque de développer plusieurs maladies chroniques. Cependant, les résultats des deux études présentées ici montrent clairement qu’on peut faire encore mieux en favorisant l’adoption de ces bonnes habitudes de vie dès le plus jeune âge. Il faut donc transmettr­e ces valeurs le plus tôt possible aux enfants afin de leur permettre de vivre longtemps en bonne santé et d’enrichir la société par leur dynamisme et leur savoir.

(1) Rovio SP et coll. Cardiovasc­ular risk factors from childhood and midlife cognitive performanc­e: The Young Finns Study. J. Am. Coll. Cardiol. 2017; 69: 2279-2289. (2) Harris HR et coll. An adolescent and early adulthood dietary pattern associated with inflammati­on and the incidence of breast cancer. Cancer Res. 2017; 77: 1179-1187.

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