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Les parents de Frédérick Gaudreau ont enfin pu assister à un match de leur fils dans la Ligue nationale
PITTSBURGH | Jamais Frédérick Gaudreau n’avait eu l’occasion de porter l’uniforme des Predators devant ses parents. Jean-pierre Gaudreau et France Desrosiers ont remédié à la situation hier soir.
En compagnie de la soeur de M. Gaudreau et de son conjoint, ils ont sauté dans leur voiture et parcouru la dizaine d’heures séparant leur domicile de Bromont du PPG Paints Arena de Pittsburgh.
«Même si Frédérick était rappelé pendant la saison, on ne savait toujours qu’à la dernière minute s’il allait jouer», a expliqué sa mère, lors d’une entrevue accordée au Journal.
Sur un nuage par l’expérience inouïe que vit présentement le plus jeune de leurs fils, les Gaudreau comptent bien reprendre le temps perdu.
«On va assister aux deux premiers matchs ici puis aux deux suivants à Nashville. On commence par ça et on verra après», a expliqué M. Gaudreau, rencontré près du domicile des Penguins, tout juste à côté de la statue érigée en l’honneur de Mario Lemieux.
Et s’il a une chance de gagner la Coupe Stanley?
«Là, on va revenir en avion», a-t-il répondu.
Bien au fait que plusieurs joueurs doivent patienter toute une carrière pour atteindre cette étape ultime, plusieurs parents et amis ont prévu faire une escapade dans la capitale du country le week-end prochain.
«Nos trois autres enfants [deux garçons, une fille] vont nous rejoindre à Nashville. On a même cinq amis de Bromont qui ont déjà prévu venir en avion à Nashville, même s’ils n’ont pas encore de billets. Ils vont probablement regarder le match de samedi à l’extérieur de l’aréna!» a raconté M. Gaudreau.
PERSÉVÉRANCE À TOUTE ÉPREUVE
La dizaine d’heures qu’ont mis M. Gaudreau et Mme Desrosiers pour rejoindre leur fils à Pittsburgh n’est rien comparée à la route qu’a dû emprunter le benjamin de leurs enfants pour atteindre le circuit Bettman.
«Le jour où il a décidé qu’il deviendrait un joueur de hockey, il a pris les moyens pour y arriver, a raconté sa mère.
«À 15 ans, il nous a dit qu’il allait passer l’été à s’entraîner parce qu’il voulait devenir un joueur de hockey. Il nous a demandé si on voulait l’appuyer là-dedans. On a accepté. On s’est dit qu’on allait le laisser aller pour voir ce qui arriverait. Finalement, il a fait tout ce qu’il nous a dit qu’il ferait. Ça n’a jamais arrêté», a ajouté son père.
Et ce, malgré quelques amères déceptions. Jamais repêché par une équipe de la LHJMQ ni par une formation de la LNH, l’athlète de 24 ans est tout de même parvenu à se frayer un chemin jusqu’à la meilleure ligue de hockey au monde.
COMME À LA COUPE MEMORIAL
Malgré une mince expérience de neuf rencontres de saison régulière, à laquelle s’ajoutent deux matchs disputés lors de la finale de l’association de l’ouest, le voilà à seulement quatre victoires de la Coupe Stanley.
L’actuel parcours de leur fils n’est pas sans rappeler à M. Gaudreau et Mme Des- rosiers sa première saison avec les Cataractes de Shawinigan.
Ce printemps-là, la formation dirigée par Eric Veilleux avait remporté la Coupe Memorial.
Avec une équipe qui comptait des attaquants tels Michaël Bournival, Michaël Chaput et Anton Zlobin, Gaudreau a dû se contenter d’un rôle de soutien.
«Il n’avait pas joué tous les matchs des séries éliminatoires ni toutes les rencontres du tournoi de la Coupe Memorial, mais lors de la finale, il était en uniforme», a souligné M. Gaudreau. «Lors des deux matchs des séries qu’il a joués jusqu’à maintenant, j’ai ressenti le même stress que pendant la Coupe Memorial. Tu le sais que les erreurs, ça fait partie du jeu, mais tu ne veux pas que l’équipe perde à cause de ton fils. En fin de compte, il a super bien joué.»
LA TÊTE SUR LA BÛCHE
Pour qu’un parcours aussi atypique aboutisse à la LNH, il faut qu’un jeune athlète rencontre les bonnes personnes au bon moment.
Les parents Gaudreau soutiennent que sa bonne étoile lui a permis de croiser sur son chemin des entraîneurs comme Jocelyn Adam, Martin Bernard, Eric Veilleux et Dean Evason.
Ils sont également très reconnaissants envers un homme comme Jean-philippe Glaude, le recruteur des Predators, qui a vendu la candidature de Frédérick Gaudreau auprès de ses patrons.
«On n’a jamais eu la chance de le rencontrer, mais on sait qu’il a poussé beaucoup pour Frédérick, a soutenu Mme Desrosiers. Il commençait dans le temps, alors on est conscient qu’il a mis sa tête sur la bûche pour lui.»