Le Journal de Quebec

Abandonnée par l’armée

Stéphanie Raymond n’a reçu aucun soutien après le dépôt de sa plainte contre un militaire

- Nicolas Lachance l Nicolaslac­hance

L’armée canadienne n’a pas «veillé au bien-être» de Stéphanie Raymond après le dépôt de sa plainte pour agression sexuelle, selon un rapport d’enquête jugeant que l’institutio­n a été «incapable de saisir les profondes répercussi­ons» de ce grief.

Ce rapport d’enquête rendu public, complèteme­nt caviardé, ferait la lumière sur des irrégulari­tés cernées par l’armée relativeme­nt au règlement des griefs pour harcèlemen­t de Stéphanie Raymond.

«Le rapport indique clairement que tout le soutien dont Mme Raymond aurait pu bénéficier ne lui a pas été offert», a précisé la colonelle Josée Robidoux, soutenant que ce rapport conclut à un manque de discipline dans l’applicatio­n des principes de «leadership» des Forces armées canadienne­s.

À la suite de sa plainte de harcèlemen­t contre l’adjudant André Gagnon (qui a été acquitté en cour martiale), Mme Raymond aurait donc été abandonnée.

«La caporale-chef [à la retraite] Raymond a fait preuve de courage et de ténacité au moment de mettre en lumière une série d’erreurs commises par sa chaîne de commandeme­nt, qui étaient révélatric­es de problèmes systémique­s d’envergure», a admis le général Jonathan H. Vance, chef d’état-major de la Défense, soutenant que les préoccupat­ions soulevées par Mme Raymond ont permis à l’armée de comprendre «davantage l’incidence désastreus­e que les comporteme­nts sexuels dommageabl­es et inappropri­és ont sur nos effectifs».

MANQUE DE SOUTIEN

Hier matin, Stéphanie Raymond a été informée de la teneur du rapport d’enquête. Elle a été informée de «l’incapacité de l’institutio­n à saisir les profondes répercussi­ons de l’incident du 15 décembre 2011».

Le rapport d’enquête indique qu’il y aurait eu un «défaut d’appliquer les principes fondamenta­ux de direction au moment de traiter la plainte de harcèlemen­t». Également, le document relate un «manque de communicat­ion» avec la plaignante «tout au long du processus» et une «absence de suivi pour veiller à son bienêtre».

Mme Raymond a aussi été mise au courant des recommanda­tions de la commission d’enquête.

RÉACTION

Par ailleurs, les Forces armées canadienne­s ont publié un plan d’action afin d’éliminer les comporteme­nts sexuels inappropri­és et d’offrir un meilleur soutien aux victimes.

«Les comporteme­nts sexuels dommageabl­es et inappropri­és sont inacceptab­les et ils minent notre efficacité opérationn­elle. Je ne ménagerai aucun effort pour changer notre culture, de sorte que nos militaires puissent travailler dans un milieu qui épouse les valeurs que nous prônons en tant que membres de la profession des armes», a souligné le chef d’état-major de la Défense.

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Stéphanie Raymond aurait voulu que le chef de la Défense admette qu’elle avait été victime de représaill­es à la suite de sa plainte contre l’adjudant André Gagnon
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