Le Journal de Quebec

Impossible de savoir où Ottawa dépense votre argent

- CHRISTOPHE­R NARDI Bureau parlementa­ire

OTTAWA | Le budget fédéral est tellement complexe que même les élus sont incapables de savoir comment Ottawa dépense l’argent des contribuab­les. Certains programmes sont donc sous-financés, tandis que d’autres coûtent plus de deux fois le prix prévu.

C’est ce que fait valoir le Directeur parlementa­ire du budget (DPB) dans une toute première analyse, publiée hier.

Sur un total de 133 mesures budgétaire­s proposées par le gouverneme­nt libéral l’an dernier, moins de la moitié (44 %) ont reçu la somme d’argent annoncée.

Dans d’autres cas, les programmes ont soit reçu nettement moins d’argent que ce qui était prévu, soit coûté beaucoup plus cher que ce qui avait été estimé.

Pire encore: le bureau du DPB n’était même pas capable de savoir si 24 autres mesures avaient même reçu du financemen­t à la fin de l’année.

UN AN SEULEMENT

«Il est impossible de suivre les dépenses de la plupart des mesures budgé- taires au-delà de la première année, ou de connaître les montants réellement dépensés pour des mesures précises», souligne le rapport.

«Au final, ce n’est pas comme ça que tu gères l’argent des fonds publics. Quand tu ramasses des impôts et tu dis que tu vas dépenser 900 M$ sur du logement abordable, par exemple, il faut que tu puisses savoir au final que cet argent a bel et bien été dépensé pour ça», analyse Jean-denis Fréchette, Directeur parlementa­ire du budget.

«CHÈQUE EN BLANC»

Deux cas ont notamment sauté aux yeux de M. Fréchette.

En premier lieu, le budget 2016 prévoyait 4 M$ pour la gestion des enjeux liés aux eaux entre le Canada et les États-unis. Or, seulement 250 000 $ sont sortis des coffres du gouverneme­nt finalement.

En deuxième lieu, les libéraux ont annoncé qu’ils voulaient racheter un barrage hydroélect­rique en Saskatchew­an. Or, ils n’ont pas réservé un montant pour cette mesure, qui a fini par coûter 350 M$ aux contribuab­les canadiens.

«Essentiell­ement, le gouverneme­nt a signé un chèque en blanc pour ce programme en se disant qu’il coûterait ce qu’il coûterait», lance M. Fréchette.

MEILLEURE COORDINATI­ON

Selon lui, le problème provient du fait qu’il n’y a pas assez de coordinati­on entre les ministères, qui mettent en branle les projets, et le ministère des Finances et le bureau du premier ministre, qui conçoivent le budget.

Du côté du Conseil du Trésor, on est conscient de cet enjeu et on s’engage à le corriger.

«Le ministre Scott Brison s'est engagé longuement avec les parlementa­ires pour proposer des changement­s au calendrier et au format du Budget principal des dépenses», indique le cabinet du ministre.

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Dir. parlementa­ire du budget

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