Une deuxième loi spéciale à l’horizon
Québec veut mettre fin à la grève de ses ingénieurs
Inquiet des retards qui s’accumulent sur les chantiers routiers du Québec à l’aube de la saison touristique, le ministre des Transports, Laurent Lessard, laisse planer la menace d’une loi spéciale pour mettre fin à la grève de ses ingénieurs.
«Négociez intensément, car ça ne pourra pas durer» lance le ministre à l’association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ).
Le MTQ doit assumer des pénalités pour non-respect de contrat envers des entrepreneurs. L’un d’eux, qui nous a demandé de taire son identité, a l’intention d’être compensé pour les retards qu’il doit assumer.
FACTURES SALÉES
«On a reçu une lettre nous indiquant de ne pas débuter les chantiers. Le lendemain on a envoyé au MTQ des avis d’intention de réclamer. Je vais les poursuivre pour mon manque à gagner. Ils ont modifié la planification de mes contrats. J’ai laissé des équipes, de la machinerie à ne rien faire. J’ai des dommages réels et le gouvernement va devoir payer.»
Les pénalités s’élèveraient à plusieurs dizaines de millions de dollars. Si le ministère n’avait pas ordonné le 2 mai de ne pas lancer de nouveaux chantiers, la facture serait encore plus salée.
L’association Bitume Québec, qui représente les entreprises de pavage, évalue entre 400 millions et un demi-milliard de dollars de chantiers retardés à la grandeur du Québec, dont 200 millions $ depuis la fin de 2016 en raison du refus des ingénieurs de faire du temps supplémentaire.
Ces retards ont déjà des répercussions sur le calendrier de certains travaux, qui, plutôt que d’être complétés comme prévu cette année, le seront au début de 2018, explique le président de Bitume Québec, Martin Pelletier.
MANIFESTATION
Imitant les travailleurs de la construction, plusieurs centaines d’ingénieurs ont bruyamment manifesté, hier matin, autour du Parlement. Leurs représentants se sont dirigés en début d’après-midi à une 50e rencontre de négociation avec leur vis-à-vis du Conseil du trésor.
Les 1400 ingénieurs du gouvernement réclament un rattrapage salarial de 20 % pour combler l’écart avec leurs collègues des autres organismes publics.
Le Président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, leur rappelle que le front commun du secteur public a obtenu des augmentations de 9,15 % sur 5 ans. Il n’y a pas de raison de sortir du cadre financier pour les ingénieurs. La loi spéciale pourrait être adoptée d’ici la fin de la session.