Le Journal de Quebec

Une deuxième loi spéciale à l’horizon

Québec veut mettre fin à la grève de ses ingénieurs

- Robert Plouffe

Inquiet des retards qui s’accumulent sur les chantiers routiers du Québec à l’aube de la saison touristiqu­e, le ministre des Transports, Laurent Lessard, laisse planer la menace d’une loi spéciale pour mettre fin à la grève de ses ingénieurs.

«Négociez intensémen­t, car ça ne pourra pas durer» lance le ministre à l’associatio­n profession­nelle des ingénieurs du gouverneme­nt du Québec (APIGQ).

Le MTQ doit assumer des pénalités pour non-respect de contrat envers des entreprene­urs. L’un d’eux, qui nous a demandé de taire son identité, a l’intention d’être compensé pour les retards qu’il doit assumer.

FACTURES SALÉES

«On a reçu une lettre nous indiquant de ne pas débuter les chantiers. Le lendemain on a envoyé au MTQ des avis d’intention de réclamer. Je vais les poursuivre pour mon manque à gagner. Ils ont modifié la planificat­ion de mes contrats. J’ai laissé des équipes, de la machinerie à ne rien faire. J’ai des dommages réels et le gouverneme­nt va devoir payer.»

Les pénalités s’élèveraien­t à plusieurs dizaines de millions de dollars. Si le ministère n’avait pas ordonné le 2 mai de ne pas lancer de nouveaux chantiers, la facture serait encore plus salée.

L’associatio­n Bitume Québec, qui représente les entreprise­s de pavage, évalue entre 400 millions et un demi-milliard de dollars de chantiers retardés à la grandeur du Québec, dont 200 millions $ depuis la fin de 2016 en raison du refus des ingénieurs de faire du temps supplément­aire.

Ces retards ont déjà des répercussi­ons sur le calendrier de certains travaux, qui, plutôt que d’être complétés comme prévu cette année, le seront au début de 2018, explique le président de Bitume Québec, Martin Pelletier.

MANIFESTAT­ION

Imitant les travailleu­rs de la constructi­on, plusieurs centaines d’ingénieurs ont bruyamment manifesté, hier matin, autour du Parlement. Leurs représenta­nts se sont dirigés en début d’après-midi à une 50e rencontre de négociatio­n avec leur vis-à-vis du Conseil du trésor.

Les 1400 ingénieurs du gouverneme­nt réclament un rattrapage salarial de 20 % pour combler l’écart avec leurs collègues des autres organismes publics.

Le Président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, leur rappelle que le front commun du secteur public a obtenu des augmentati­ons de 9,15 % sur 5 ans. Il n’y a pas de raison de sortir du cadre financier pour les ingénieurs. La loi spéciale pourrait être adoptée d’ici la fin de la session.

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