Le Journal de Quebec

Découvrir le bonheur avec les sangliers

- Héloïse Archambaul­t l Harchambau­ltjdm

Après des carrières traditionn­elles en secrétaria­t et en vente immobilièr­e, une femme a eu le cran de quitter sa vie branchée pour se lancer dans l’élevage de sangliers, une bête méconnue qui l’a fait craquer.

«Je suis tombée en amour avec les sangliers, avoue Nathalie Kerbrat. C’est une synergie, un courant extraordin­aire qui a passé avec ces animaux. C’est un animal à découvrir.»

À 54 ans, la résidente de Lachute «baigne dans la potion» des sangliers depuis 1996. Or, rien ne la prédestina­it à une telle vocation.

«C’est un paradis, mais avec des petits bouts d’enfer. […] Il faut être habitué à un certain risque, un lâcher-prise. C’est un choix de vie», confie-t-elle.

Malgré des études en technique équipe, la femme a d’abord travaillé 15 ans comme secrétaire en télémarket­ing à Montréal. Résidente des Laurentide­s, elle est ensuite devenue courtière immobilièr­e durant 10 ans, jusqu’en 1996.

Après avoir magasiné les fermettes durant un an, elle est tombée en amour avec «L’érablière du sanglier», à Lachute.

«J’ai acheté sans trop savoir ce que je ferais avec, avoue-t-elle. Mais, je ne regrette rien! Comme agent d’immeuble, tu manges sur le pouce, t’es connecté tout le temps. Ici, c’est une autre vie, un retour à la terre. Oui, ça prend du guts. Mais, je tripe sur ce que je fais», dit celle qui n’a pas d’employé.

Annuelleme­nt, Mme Kerbrat élève entre 150 et 250 sangliers, qu’elle vend pour la viande. Elle garde des bêtes adultes pour la reproducti­on, mais ne force pas l’accoupleme­nt.

ILS ONT UN NOM

«Je ne vis pas sur le dos des animaux. Je prends ce qu’on me donne, le reste, je vais le chercher ailleurs», dit-elle.

Toutoune, Juju, Oscar, Toupie: les sangliers sont baptisés, et certains accourent lorsqu’elle les appelle. Pour diversifie­r ses revenus, la femme d’affaires fait des repas champêtres, de la culture maraîchère et élève d’autres animaux (lapins, cailles, poules).

Si l’idée du retour à la terre en fait rêver plus d’un, Mme Kerbrat assure que ce n’est pas fait pour tous.

«Que tu vendes ou pas, les factures entrent. Tu ne peux pas faire ce job- là si t’es insécure, tu vas virer fou.»

Dans cette optique, la femme voit un lien avec son passé dans l’immobilier.

«J’ai appris à vivre avec le risque. Mais, j’ai très confiance en mes moyens. Je n’ai pas de couilles, mais j’en ai en même temps», rigole-t-elle.

PAS POUR L’ARGENT

Par ailleurs, Mme Kerbrat ne s’est pas lancée dans cet élevage pour devenir

riche. La production lui permet tout juste d’arriver, et ses économies gagnées dans son ex-carrière lui permettent d’investir dans ses installati­ons.

«Je n’ai jamais travaillé pour l’argent de toute façon, jure-t-elle. Mais, si je n’avais pas été courtier, je n’aurais pas pu me permettre tout ça.»

Et si jamais le rêve du sanglier prend fin, Mme Kerbrat n’aura pas de regrets.

«Je préfère me planter plutôt que de regretter de ne pas avoir fait quelque chose. L’erreur qu’on fait souvent, c’est de ne pas faire de choix», pense-t-elle. Si je me plante, ce sera assumé. Je n’aurai pas de problème à vendre!»

 ?? PHOTO HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T, LE JOURNAL DE MONTRÉAL ?? À 54 ans, Nathalie Kerbrat élève seule des sangliers à Lachute depuis 1996. Un retour à la terre qu’elle compare à un «paradis, mais avec des petits bouts d’enfer».
PHOTO HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T, LE JOURNAL DE MONTRÉAL À 54 ans, Nathalie Kerbrat élève seule des sangliers à Lachute depuis 1996. Un retour à la terre qu’elle compare à un «paradis, mais avec des petits bouts d’enfer».
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