Le Journal de Quebec

Les accords de Paris sans les États-unis

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À moins d’un renverseme­nt inattendu, Donald Trump devrait annoncer aujourd’hui le retrait des États-unis des accords de Paris. La lutte aux changement­s climatique­s s’en remettra-t-elle?

C’était une promesse assez claire de la campagne électorale de Donald Trump, taillée sur mesure pour son électorat des régions rurales et des États producteur­s de charbon et d’autres combustibl­es fossiles.

Pendant la rencontre du G7, l’engagement d’appuyer les accords de Paris était l’un des principaux points sur lesquels Donald Trump faisait bande à part. S’il n’avait pas attendu son retour à la maison pour annoncer son retrait, le mince bilan du sommet se serait transformé en catastroph­e.

LES ÉTATS-UNIS REVIENDRON­T

Il est évident que le retrait des États-unis, qui émettent environ un cinquième des gaz à effet de serre (GES) de la planète, nuira considérab­lement aux efforts de contrôle et de réduction des émissions globales.

Il serait néanmoins étonnant que nos voisins ne reprennent pas un jour leur place dans cette entreprise que l’humanité ne peut tout simplement pas ignorer indéfinime­nt.

Déjà, plusieurs gouverneme­nts d’états ont pris des initiative­s importante­s pour contrôler les émissions de GES. Les Américains sont aussi à l’avant-plan de la recherche et du développem­ent de technologi­es énergétiqu­es innovantes, et leur capacité de contribuer à la lutte aux GES ne disparaîtr­a pas de sitôt, avec ou sans Trump.

La résistance au progrès ne disparaîtr­a pas non plus, mais le balancier politique reviendra tôt ou tard dans une position plus favorable à l’action.

L’IMPORTANCE DE CONSOLIDER LES ENTENTES

L’appui aux cibles de Paris dans le reste du monde est assez fort pour que des efforts de contrôle des GES continuent de porter fruit et qu’un régime internatio­nal pour codifier ces efforts reste en place en attendant le retour des Américains.

En fait, il serait probableme­nt plus dommageabl­e à long terme de diluer les engagement­s négociés à la COP21 pour accommoder les demandes de Trump plutôt que de se passer des ÉtatsUnis pour un temps.

Mais puisque l’absence des États-unis rendra plus coûteux les engagement­s pris par les autres gouverneme­nts, ceux-ci souhaitero­nt sans doute que l’impopulari­té du président Trump leur facilite la tâche.

À leur retour, les États-unis devront s’adapter aux règles existantes et il est donc souhaitabl­e que ces règles ne s’affaibliss­ent pas pendant la parenthèse Trump.

Pierre Martin l@ Pmartin_udem Il est évident que le retrait des États-unis nuira considérab­lement aux efforts de contrôle et de réduction des émissions globales.

QUAND ON SE COMPARE…

Au Canada, il sera tentant de se péter les bretelles en comparant nos modestes progrès dans la lutte aux GES à l’énorme pas en arrière de Trump.

À court terme, Justin Trudeau aura beau pavoiser et tabler sur l’impopulari­té de Trump pour se faire du capital politique sur cet enjeu, le Canada restera un des plus grands émetteurs de GES au monde.

L’appui des dirigeants canadiens à l’expansion de la production et de la distributi­on du pétrole des sables bitumineux reste contraire à l’esprit des accords de Paris, mais Trump leur offre une occasion en or de bien paraître.

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