Troisième mois de manifs au Venezuela
Maduro fait avancer son projet de Constituante
CARACAS | (AFP) L’inscription des candidats à la Constituante voulue par le président Nicolas Maduro pour modifier la Constitution du Venezuela a commencé hier, en dépit de l’opposition virulente de ses adversaires, qui y voient une manoeuvre dilatoire pour rester au pouvoir.
Alors que la vague de manifestations contre son gouvernement entre aujourd’hui dans son troisième mois, Nicolas Maduro est resté droit dans ses bottes: «Le pays est en train d’emprunter le chemin de la Constituante, c’est un grand jour [...] Allez vous inscrire, candidats et candidates à l’assemblée nationale constituante!» a-t-il lancé mardi soir à la télévision d’état VTV.
Le président socialiste voit dans ce processus une manière d’affronter la grave crise politique, économique et sociale qui affecte le pays pétrolier, dont l’économie a été laminée par la chute des cours du brut. Dernière mauvaise nouvelle en date: le bolivar a dévissé hier de 64,13 % face au dollar.
SANS L’OPPOSITION
De son côté, l’opposition a annoncé qu’elle ne participerait pas à la Constituante, qui comptera 545 membres, car elle considère comme «frauduleux» le système électoral prévu pour désigner les membres de cette assemblée, accusant le président de vouloir y faire élire ses partisans lors du scrutin de fin juillet.
Henrique Capriles, l’un des principaux dirigeants de la coalition d’opposition (MUD), a prévenu que toute inscription d’un antichaviste (du nom du défunt exprésident Hugo Chavez, 1999-2013) serait considérée comme une «trahison».
À Bruxelles, Julio Borges, le président du Parlement vénézuélien, seul pouvoir public contrôlé par l’opposition, a demandé hier à son homologue du Parlement européen, l’italien Antonio Tajani, la mise en place de sanctions contre le régime de M. Maduro. Pour lui, «l’idée d’une assemblée constituante n’est rien d’autre qu’une façon de prolonger le coup d’état au Venezuela».
L’opposition manifeste de manière quasi quotidienne depuis le 1er avril pour exiger le départ du président, de nouvelles élections ainsi que le retrait de ce projet d’assemblée constituante. Au cours de ces défilés, une soixante de personnes sont mortes et un millier d’autres blessées, les deux camps s’accusant mutuellement d’avoir recours à des groupes armés pour semer la violence.
MANIFESTATIONS
Après une nouvelle manifestation mardi, les opposants tentaient hier de marcher vers le siège du ministère des Affaires étrangères, dans le centre de Caracas. Mais comme chaque fois ou presque, des camions antiémeutes, des jets d’eau et des gaz lacrymogènes les empêchaient de progresser. Des groupes de jeunes répliquaient avec des projectiles et des cocktails Molotov.