May absente du grand débat électoral
L’opposition dénonce un « acte de lâcheté extrême » de la part de la première ministre britannique
LONDRES | (AFP) À huit jours des législatives au Royaume-uni, la première ministre Theresa May a brillé par son absence hier au grand débat électoral où elle a été critiquée de toutes parts, alors qu’elle traverse déjà une passe difficile.
«Un signe de faiblesse», selon Jeremy Corbyn, le leader de l’opposition travailliste. «Un acte de lâcheté extrême», a même glissé la chef des Verts, Caroline Lucas: Mme May a dû avoir les oreilles qui sifflaient lors de ce grand rendez-vous cathodique réunissant les leaders des sept principaux partis.
Représentée par sa ministre de l’intérieur, Amber Rudd, la première ministre a raté l’occasion de répondre directement aux nombreuses attaques frontales, devant des millions de téléspectateurs branchés sur la BBC.
« EFFRAYÉE »
Plus tôt hier, Mme May, qui avait prévenu dès l’annonce du scrutin qu’elle ne participerait à aucun débat, a seulement expliqué qu’elle préférait échanger avec des électeurs que «se chamailler avec d’autres leaders de parti».
Sans convaincre. «Elle a convoqué ces législatives anticipées pour son propre bénéfice et celui du Parti conservateur et elle est trop effrayée pour débattre avec nous», a persiflé le leader du Parti libéral-démocrate, Tim Farron.
La séquence tombe à un moment déjà délicat pour Mm May et son parti. Lorsqu’elle a convoqué en avril ce scrutin anticipé, un raz-de-marée était promis aux Tories.
Avec vingt points d’avance sur le Labour dans les sondages, ils avaient largement de quoi remplir l’objectif annoncé: muscler leur majorité au Parlement, actuellement de 17 sièges, afin d’avoir les coudées franches pour négocier le Brexit.
SONDAGE
Mais la campagne a depuis été marquée par plusieurs trous d’air. Il y a eu d’abord la présentation du programme des Tories qui s’est soldée par une polémique, désastreuse en termes d’image, sur un projet controversé de réforme des aides sociales aux personnes âgées.
Dans le sillage de ce fiasco, les critiques ont rejailli de plus belle sur les coupes budgétaires imposées par le gouvernement conservateur dans les services publics depuis 2010.
Ces difficultés se traduisent dans les sondages par un resserrement entre les conservateurs et le Labour. Selon une enquête publiée mardi, le parti de Mme May (43 %) ne dispose plus que de six points d’avance sur le Labour (37 %).