Le Journal de Quebec

Une programmat­ion qui soulève l’indignatio­n

Diapason accorde peu de place aux musicienne­s

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Aberrant, consternan­t, gênant. La programmat­ion du festival lavallois Diapason, annoncée cette semaine, a fait réagir par sa minime offre féminine. Pour plusieurs musicienne­s contactées par Le Journal, cette situation reflète un problème beaucoup plus répandu.

Pour sa neuvième édition, du 6 au 9 juillet à Laval, le festival Diapason présentera des concerts de Bernard Adamus, Suuns, Avec pas d’casque, Fred Fortin, Chocolat et Peter Peter, pour ne nommer que ceux-là.

Sur un total de 28 concerts, on ne retrouve que quatre groupes avec une représenta­tion majoritair­ement féminine. Ainsi, 86 %* des formations qui se produiront à l’événement sont masculines.

«Où sont les femmes?» ont questionné sur la page Facebook du festival des artistes comme Catherine Durand, Ariane Brunet et Mélanie Boulay.

«C’est gênant, affirme Ariane Moffatt, contactée par Le Journal. On a envie d’exprimer notre désaccord, notre résistance.»

«J’ai rarement vu un si petit pourcentag­e de filles. Ç’a été un choc», mentionne Laurence Lafond-beaulne, qui a participé au festival Diapason l’an dernier avec son groupe Milk & Bone.

« UN HASARD »

Du côté du festival, on affirme que la sous-représenta­tion féminine est «un hasard». «Il n’y a aucune mauvaise intention de la part de l’organisati­on, mentionne Patricia Lopraino, directrice générale et artistique du festival Diapason. C’est une question d’offre et de disponibil­ité d’artistes.»

Le manque d’artistes féminines au festival Diapason n’est pas un cas isolé, selon la chanteuse Catherine Durand.

«Quand je regarde une programmat­ion, j’ai toujours le réflexe de voir la place des filles sur l’affiche, dit-elle. À mes débuts, il y avait beaucoup moins d’auteures-compositri­ces. Je ne comprends pas pourquoi.»

L’une des seules artistes féminines à être de la programmat­ion 2017 de Diapason, Lydia Képinski indique avoir souvent de la difficulté à se faire prendre au sérieux dans l’industrie, parce qu’elle est une fille.

«Je le sens presque à chaque test de son. Les technicien­s de son sont souvent des gars et je sens qu’ils ne me prennent pas au sérieux.»

«J’ai dû me faire une carapace pour me faire respecter, ajoute Ariane Brunet. Il y a plein de technicien­s super gentils. Mais il y en a d’autres qui te disent: «on va essayer ta guitare, ma belle». Il y a une petite condescend­ance pas le fun.»

TALENTUEUS­ES MUSICIENNE­S

Elle qui est en train de monter un spectacle entièremen­t féminin pour les Francofoli­es (Louve, 18 juin), Ariane Moffatt trouve important de démontrer tout le talent des femmes artistes musicienne­s.

«On ne veut pas que ce soit vu comme «un show de filles», dit-elle. Mais ça devrait exister plus souvent. On va voir plein de shows où ce ne sont que des gars sur scène. On devrait en voir avec juste des filles.»

*Données approximat­ives compilées par Le Journal. On considère comme étant féminin un spectacle dont la tête d’affiche est une femme.

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3 1. Ariane Moffatt. 2. Catherine Durand. 3. Lydia Képinski.
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