Le Journal de Quebec

ENCORE PLUS DE DÉCROCHEUR­S AU CÉGEP

Un phénomène « préoccupan­t » qui passe sous le radar

- Daphnée Dion-viens l daphneedv

Depuis cinq ans, le taux de diplomatio­n est en baisse dans les cégeps de la province. Après avoir lutté contre le décrochage au secondaire, le Québec doit se mobiliser pour contrer le décrochage au collégial, affirme un expert.

Selon les chiffres de la Fédération des cégeps obtenus par Le Journal, le taux de diplomatio­n deux ans après la durée prévue des études est passé de 64,7 % pour les étudiants qui ont commencé leurs études collégiale­s en 2005 à 62,6 % pour ceux qui sont entrés au cégep en 2009. La baisse est continue, alors que la tendance était à la hausse avant cette période. Ces données tiennent compte de ceux qui ont obtenu un diplôme quatre ans après avoir commencé un programme préunivers­itaire (dont la durée prévue est de deux ans) ou cinq ans après avoir commencé un programme technique (dont la durée prévue est de trois ans).

La situation préoccupe Michel Perron, un des plus grands experts en matière de décrochage scolaire au Québec, qui lance un «cri d’alarme». «On s’est beaucoup préoccupé de la diplomatio­n au secondaire, mais pour les collèges, le phénomène se passe pas mal sous le radar. Ce serait le temps qu’on réalise que, contre toute attente, la situation est en train de se détériorer. Il n’y a pas vraiment de débat public autour de ça», déplore-t-il.

BAISSE DE DIPLOMATIO­N CHEZ LES FILLES

Il est temps que la société civile se mobilise autour de cet enjeu, ajoute M. Perron, comme ce fut le cas pour le décrochage avec la création du Groupe d’action sur la persévéran­ce scolaire, présidé par le banquier Jacques Ménard, il y a une dizaine d’années. Michel Perron affirme qu’il faut «sortir la question strictemen­t du milieu collégial pour en faire un débat de société».

Cet expert est aussi préoccupé par la baisse de la diplomatio­n chez les filles (de 70,3 % à 67,4 % en cinq ans), plus importante que la diminution observée chez les garçons (57,3 % à 56,1 %), et par les différence­s importante­s selon les régions du Québec en matière de diplomatio­n.

COMPRESSIO­NS RÉPÉTÉES

À la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, le président-directeur général, se dit préoccupé, même s’il considère que la tendance à la baisse est «légère». «Le taux de diplomatio­n dépend de beaucoup de facteurs. Le malheur des dernières années, c’est que nous n’étions pas dans une situation où on a pu documenter la situation» afin de mener par la suite des actions ciblées, à cause des compressio­ns, ajoute-t-il.

M. Tremblay considère aussi qu’il y a un «effort collectif» à faire en éducation. «On a trop divisé le réseau de l’éducation, dit-il. Il est temps qu’on le voie comme un continuum afin que ce qui est en place au début du parcours se poursuive au cégep et à l’université.»

 ??  ?? Au cours des cinq dernières années, le taux de diplomatio­n au collégial a chuté de 64,7 % à 62,6 %. La baisse est continue, alors que la tendance était à la hausse avant cette période.
Au cours des cinq dernières années, le taux de diplomatio­n au collégial a chuté de 64,7 % à 62,6 %. La baisse est continue, alors que la tendance était à la hausse avant cette période.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada