Québec veut reparler de constitution, mais pas Ottawa
La conclusion ultime de cette démarche serait de signer la Constitution de 1982
L’indifférence des premiers ministres provinciaux et l’attitude cavalière de Justin Trudeau ne découragent pas Philippe Couillard, qui veut convaincre les Canadiens de «refonder» le pays.
M. Couillard a annoncé hier sa stratégie pour que le Québec retourne dans le giron constitutionnel. Il sait déjà que les autres provinces et le gouvernement fédéral ne sont pas intéressés. Avant même de connaître la proposition du Québec, M. Trudeau avait une réponse. «On ne rouvre pas la Constitution», a-t-il lancé, sourire au visage.
Le premier ministre de la Saskatchewan, le boutefeu Brad Wall, a même affirmé qu’il faudrait réformer le régime «terriblement défectueux» de la péréquation avant de parler de la place du Québec au Canada.
M. Couillard n’en a cure: il reconnaît luimême que si aujourd’hui «on appelle un par un» les premiers ministres, ils diront non. Il mise plutôt sur la société civile qui, par le biais de conférences universitaires et de «discussions», pourra être convaincue de l’importance du Québec au sein du Canada. Il n’a pas donné d’échéancier pour cette démarche, dont la conclusion ultime est de signer la Constitution de 1982, un acte qui ne nécessiterait pas obligatoirement un référendum.
DEMANDES TRADITIONNEL LES
Pour ce faire, Québec devra faire valoir ses demandes traditionnelles: √ La reconnaissance constitutionnelle
de la nation québécoise √ La participation du Québec à la nomi
nation de ses juges de la Cour suprême √ Un droit de veto sur les modifications
constitutionnelles √ L’entente sur l’immigration enchâssée
dans la Constitution √ L’encadrement du pouvoir fédéral de dépenser Mais pourquoi relancer ce débat aujourd’hui, alors que le ministre Pierre Moreau disait lui-même en 2013 «qu’il n’y a pas d’impacts pratiques à ne pas avoir signé la Constitution»? «On a bâti une société unique dans le monde avec une identité collective très forte. On souhaite la conjuguer avec l’identité canadienne. On veut que cette coexistence se répète dans les textes fondateurs», a affirmé M. Couillard lors du lancement de son document de 200 pages.
Le chef péquiste Jean-françois Lisée a qualifié d’«ambitieux» le plan de Philippe Couillard, mais estime qu’il est voué à l’échec. L’opinion publique canadienne «est plus disposée à donner une place [dans la Constitution] aux autochtones» qu’au Québec, a-t-il dit. Depuis 15 ou 20ans, les Canadiens «croient de moins en moins à l’importance du Québec et à l’existence d’une nation québécoise».