Le Journal de Quebec

Fraudée, mais pas une victime

- KATHRYNE LAMONTAGNE

Une dame de Québec qui a tenté de mettre fin à ses jours après avoir perdu des dizaines de milliers de dollars dans une fraude ne peut être soutenue par la Direction de l’indemnisat­ion des victimes d’actes criminels (IVAC).

À l’automne 2013, Marie-chrystyne Demers se faisait embaucher par un collègue de travail qui lançait sa compagnie de vente de systèmes d’alarme. À peine quelques semaines plus tard, il lui offrait, à elle et son conjoint, d’investir dans sa nouvelle entreprise. Après réflexion, le couple s’est engagé pour un total de 15 000 $. L’entente a porté ses fruits et les redevances entraient, comme prévu.

Au printemps 2014, toutefois, son employeur a décidé d’ajouter un nouveau domaine d’affaires à sa compagnie: l’entretien ménager. À sa demande, Mm e Demers a ouvert un compte de banque et débloqué une marge de crédit de 7000 $ pour des achats divers. «À partir de là, à tous les deux jours, il avait besoin d’argent. Mais il ne remboursai­t pas», ditelle.

Les redevances liées à l’investisse­ment dans l’entreprise de systèmes d’alarme ont aussi disparu. «Quand je le confrontai­s, il disait qu’il avait un gros contrat de ménage de 20 000 $, qu’il pourrait payer d’un coup ce qu’il me devait», explique-t-elle. Mais l’argent ne venait pas: la compagnie de ménage n’aurait jamais existé, réalisera plus tard Mme Demers.

FAILLITE

Épuisée, constatant qu’elle était en train de perdre beaucoup d’argent, la dame a tenté de mettre fin à ses jours. Mm e Demers a porté plainte à la police et engagé un avocat pour retrouver son argent, en vain. Elle a déclaré faillite l’hiver dernier pour se libérer d’une dette qu’elle estime à 85 000 $ en sommes fraudées, frais d’avocats et intérêts sur l’argent emprunté.

Son ancien employeur a été arrêté en mai 2016. En attente de procès, il fait face à six accusation­s de fraude et une autre de vol. Il aurait fait au total huit victimes.

PAS D’INDEMNISAT­ION

Marie-chrystyne Demers a entretemps rempli la documentat­ion nécessaire auprès de la Direction de l’indemnisat­ion des victimes d’actes criminels. Elle ne peut toutefois être soutenue par l’organisme, les infraction­s de vol et de fraude n’étant pas de la cinquantai­ne de délits visés par la loi.

La ministre de la Justice, qui annonçait hier 54 M$ pour améliorer le régime de L’IVAC, a concédé que la liste des infraction­s était «limitée». «Est-ce que nous devrions potentiell­ement la revoir? Il y a des discussion­s en cours», a commenté Stéphanie Vallée.

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