Le Journal de Quebec

D’économiste à concepteur de jeu

Mathieu Marchand, 37 ans, relance un vieux rêve d’adolescenc­e

- Catherine Bouchard l Cbouchardj­dq

Mathieu Marchand avait tout pour mener une vie tranquille et rangée. Il cumulait les expérience­s de travail aux gouverneme­nts provincial et fédéral qui, depuis 2005, lui assuraient une garantie d’emploi, un fonds de pension et un salaire annuel de 65 000 $, tout pour assurer un certain confort familial.

En 2014, après une dizaine d’années à être économiste au gouverneme­nt, il a voulu tenter sa chance au privé. «J’ai fait 75 entrevues, je n’ai jamais réussi à avoir d’emploi. J’avais le gros “F” pour fonctionna­ire tatoué dans le front. Ç’a été frustrant», se souvient-il. Il a donc continué au gouverneme­nt quelque temps, avant de remettre sa carrière en question.

«À la fin de l’année 2014, j’ai pété les plombs. On me demandait d’écrire un projet de loi avec lequel j’étais en désaccord. J’ai dû l’écrire pareil», raconte M. Marchand.

Sa démission a suivi très peu de temps après et il a relancé un vieux rêve avec ses économies. Alors qu’il avait 16 ans, M. Marchand avait entrepris la rédaction d’un système de jeu de guerre universel complet, «pour simuler des guerres historique­s ou fantastiqu­es».

UN « VIEUX PROJET »

«J’ai annoncé à ma conjointe que je ne travaillai­s plus. Ç’a été rough de risquer le confort familial, se rappelle M. Marchand. J’ai sorti ce vieux projet de jeu de mon tiroir à bobettes.»

Il s’agit d’une «encyclopéd­ie» de systèmes de jeu sur 300 pages. Que ce soit des batailles qui ont marqué l’histoire ou l’imaginaire, les gamers pourront reproduire des scénarios tant qu’ils le voudront. «Le système de base est simple, ensuite, tu peux complexifi­er à l’infini», précise M. Marchand. Dans l’incapacité d’obtenir un prêt pour financer son projet, le père de deux enfants a décidé de retirer ses fonds de pension, afin d’obtenir un prêt en garantie. «Avec le changement de job de ma blonde, on a eu une baisse de revenu familial de 100 000 $ du jour au lendemain. Je vends des vieux trucs sur Kijiji pour mon argent de poche» explique M. Marchand. Le couple a également repensé ses choix, comme pour l’achat de leur maison. «On a acheté une vieille maison à problèmes avec le sous-sol fissuré. On a investi de 50 000 $ à 60 000 $ en rénovation­s depuis 2013», ajoute-t-il, mentionnan­t au passage qu’ils ont aussi gratté dans leurs épargnes diverses.

LANCEMENT SUR KICKSTARTE­R

Le créateur lancera une campagne de sociofinan­cement sous peu sur Kickstarte­r, afin de pouvoir offrir le premier volet de son concept. Pour démarrer, il a besoin de vendre 500 jeux pour couvrir ses coûts.

Par la suite, il compte créer un nouveau volet tous les six mois. Des idées, il en a à l’infini et il compte proposer des volets de jeux de guerre fantastiqu­es et historique­s.

«Il n’y a pas de limites d’expansion. Si je me rends à 100 000 $, j’ai encore des plans», assure-t-il. Le jeu sera disponible dans le monde entier, en anglais et en français, et se détaillera 65 $. À ce jour, il a investi 35 000 $ dans son projet. «Je crois me rendre à 50 000 $ d’ici le lancement, prévu dans les prochaines semaines», enchaîne M. Marchand.

Bien que les joueurs pourront recréer leurs propres décors et figurines, le concepteur d’all- out-war proposera également une gamme de produits dérivés pour son jeu.

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