Le Journal de Quebec

Propos dégradants et sexistes à la police de Laval

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

La police de Laval a été forcée de s’excuser après que des agents eurent tenu des propos «disgracieu­x et profondéme­nt irrespectu­eux» à l’égard de la journalist­e Monic Néron dans le cadre d’une enquête sur des fuites journalist­iques.

«Ce sont des termes dignes d’hommes du Néandertal. Je ne pense pas que si je m’étais appelée Patrick Lagacé, Félix Séguin ou Claude Poirier, on aurait osé écrire ça de cette façon-là», a déploré Mme Néron en marge de son témoignage à la commission Chamberlan­d hier.

En décembre 2014, la journalist­e a rapporté une frappe antidrogue au 98,5 FM le matin même de l’opération, ce qui a éveillé les soupçons du Service de police de Laval (SPL) concernant une possible fuite médiatique.

« IL VOULAIT LA FOURRER »

Dès le lendemain, le policier Dominico Digenova a avoué qu’il était l’une des sources de Mme Néron.

Malgré ses aveux, le SPL a ouvert une enquête criminelle pour déterminer si le sergent-détective était à l’origine de fuites précédente­s.

Un des collègues de M. Digenova, Anthony Donato, suspectait qu’il ait parlé à la journalist­e «parce qu’il voulait la fourrer» et qu’il avait «pensé avec sa graine», peut-on lire dans une déclaratio­n sous serment.

Devant la Commission hier, le policier retraité Jean Joly a quant à lui dû expli- quer pourquoi il avait demandé à Dominico Digenova s’il avait «couché avec la journalist­e» lorsque le policier est venu lui faire ses aveux.

«Je connais le personnage. […] Je ne veux pas entacher la réputation de M. Digenova, mais il était connu qu’il aimait bien les femmes, donc il y avait une possibilit­é», a déclaré M. Joly.

En fin d’après-midi, la police de Laval a diffusé un communiqué de presse dans lequel elle exprime ses regrets, après que la station de radio 98,5 FM et la Coalition avenir Québec eurent réclamé des excuses publiques.

«Ce langage n’est aucunement représenta­tif de celui utilisé par l’ensemble des policiers de Laval», a indiqué le chef de police Pierre Brochet.

MOTIF INFONDÉ

Plus tôt en matinée, on apprenait qu’un sergent a continué d’indiquer à une juge que Dominico Digenova pourrait avoir transmis de l’informatio­n à Monic Néron dans l’espoir d’avoir des relations sexuelles avec elle, même une fois que ce motif eut été écarté.

En effet, après avoir obtenu un mandat pour examiner des messages textes échangés entre deux journalist­es — dont Monic Néron — et des policiers, la police de Laval a eu la confirmati­on que Dominico Digenova n’avait pas parlé à Mme Néron pour des «raisons intimes».

Or, les paragraphe­s évoquant ce motif ont été conservés tels quels, sans explicatio­ns supplément­aires, dans deux autres demandes de mandat rédigées par Hugues Goupil quelques jours plus tard dans le cadre de cette enquête.

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La journalist­e Monic Néron a dénoncé avec véhémence hier les propos dégradants tenus à son égard par la police de Laval.

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