Des musiciennes dénoncent le sexisme
136 musiciennes dénoncent la sous-représentation des femmes en musique
Dans une lettre publiée hier, 136 musiciennes ont dénoncé la sous-représentation des femmes en musique. «La lettre est le premier pas de quelque chose de plus grand», dit Stéphanie Boulay, des Soeurs Boulay.
Les musiciennes en ont marre d’être sous-représentées dans les festivals. Pour soulever le débat, le mouvement Femmes en musique a été lancé hier. Et une lettre ouverte, signée notamment par Coeur de pirate, Klô Pelgag, Safia Nolin, Ariane Moffatt et Ingrid St-pierre, a été publiée sur les réseaux sociaux.
«Nous nous entendons toutes pour dire que le sexisme existe bel et bien dans l’industrie de la musique et que la plupart d’entre nous l’avons vécu, à un moment ou à un autre: ne serait-ce que par les préjugés véhiculés quant à nos connaissances de la technique ou de l’équipement, par la remise en doute de notre talent, de notre expérience ou de notre pertinence», lit-on dans la lettre.
Le Journal a compilé les données de six festivals québécois (voir tableau cidessus). Leur programmation de 2017 présente des artistes féminines dans une proportion de 8 à 40 % seulement.
«Il y a 49 % de femmes à l’union des artistes. Pourquoi y en aurait-il seulement 10 % dans les festivals?» demande Stéphanie Boulay.
«C’est un concours de circonstances, répond Alain Tremblay, directeur général de Jonquière en musique, qui ne présentera que deux artistes féminines cet été. On essaie d’en intégrer, mais ce n’est pas facile. Ça dépend du style musical.»
Responsable de la programmation des Francofolies et du Festival de Jazz, Laurent Saulnier affirme être très proactif sur ce plan. «On a toujours fait attention à ça. Aux Francos, on essaie de donner l’exemple. Mais on essaie aussi d’être le meilleur reflet possible de la production annuelle d’albums.»
DISCRIMINATION POSITIVE
Pour Charles Dubreuil, membre des Trois Accords et responsable de la programmation du Festival de la poutine, il est important de ne pas tomber dans la discrimination positive.
«Quand je fais ma programmation, la dernière chose que je regarde, c’est le sexe de l’artiste. Je ne veux pas faire un choix en fonction du sexe. Je ne pense pas que c’est ça, être féministe. J’aime mieux ouvrir mon cerveau à 100 % et donner une chance égale à tout le monde.»
«Nous y allons vraiment avec l’offre et la demande, dit Mélanie Comptois, du Festival western de Saint-tite. Je ne pense pas qu’à la base, on se soit déjà questionnés pour savoir si nous avions plus d’hommes ou de femmes.»
«S’il y a quelque chose de conscient au festival, c’est de faire un effort concret pour avoir le plus possible de femmes en tête d’affiche. Mais c’est un peu difficile d’en trouver, dit Louis Bellavance, responsable de la programmation du Festival d’été. [...] Si on regarde, en termes de succès – et c’est là qu’il y a peut-être une injustice –, est-ce que les hommes ont plus de succès?»
– Avec la collaboration de Cédric Bélanger et Vanessa Guimond.
À la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), on compte 42 % de femmes inscrites. À l’union des artistes, ce nombre monte à 49 %.