Laissez les journalistes faire leur travail
On rit beaucoup de l’attitude de Trump face aux médias. Dès qu’ils l’égratignent, il les accuse de « fake news », les ridiculise ou remet leur crédibilité en question.
Ben vous savez quoi? Les libéraux ne sont pas mieux! Et les militants de Québec solidaire non plus! Au cours des derniers jours, ces deux formations politiques s’en sont prises aux médias qui avaient commis le crime de les critiquer ou de faire des révélations gênantes.
Franchement, les amis, vous êtes pathétiques.
NE TIREZ PAS SUR LE JOURNALISTE!
Mécontent que mes collègues du Journal déterrent des courriels embarrassants, des minoucheries entre Philippe Couillard et Marc-yvan Côté, les libéraux (Charles Robert et Jean-marc Fournier) ont laissé entendre que les journalistes de Québecor faisaient exprès de ternir l’image du PLQ.
Comme si mes collègues Blais, Robitaille et compagnie se levaient la nuit pour inventer de toutes pièces des éléments incriminants contre les libéraux.
Je ne vous parle pas de ce dossier pour défendre l’entreprise qui m’emploie. Mais parce que tous les journalistes (et tous les citoyens) du Québec devraient être inquiets quand le parti au pouvoir attaque l’intégrité des journalistes ou la liberté de presse, juste parce qu’il est tanné que des journalistes déterrent ses squelettes.
UNE PRESSE LIBRE
Dure semaine pour les médias aussi du côté du Devoir. Des militants de Québec solidaire ont fait la danse du bacon (végétalien) parce que Le Devoir, censé être à plat ventre devant leur grand progressisme, se permet de publier des textes d’opinion et des éditoriaux critiques à leur égard. On croit rêver. Le Devoir ne devrait publier que des éditoriaux et des lettres ouvertes à genoux devant Québec solidaire, même quand il cache de l’info à ses militants ou renie sa propre signature au bas d’une entente?
Ça a tellement brassé que Le Devoir a dû rappeler certains principes de base du journalisme: «La couverture factuelle d’un événement par le journaliste ne doit pas être confondue avec la position éditoriale du média. Les chroniqueurs du Devoir signent une analyse personnalisée et étayée, et ils sont totalement indépendants.»
Message aux politiciens: les médias ne sont pas des courroies de transmission; nous ne sommes pas là pour publier vos communiqués et vous flatter dans le sens du poil.
Le rôle d’une presse libre, en démocratie, restera toujours le même: fouiller, enquêter, gratter pour faire jaillir la vérité, peu importe qui cela éclabousse; interroger, remettre en question, et débattre des enjeux; et enfin, critiquer, égratigner, défier les personnes en autorité.
Alors s’il vous plaît: arrêtez de blâmer le messager chaque fois qu’un reportage vous met dans le pétrin, respirez par le nez et arrêtez de crier au meurtre chaque fois qu’un commentateur vous contredit. C’est ça, notre rôle!
MÊME LA POLICE
Un autre groupe qui n’a pas reçu le «mémo» du respect des journalistes, c’est la police de Laval. Des gros machos ont laissé entendre que si Monic Néron (de Cogeco) avait réussi à obtenir des infos exclusives, c’est qu’elle avait couché avec un policier ou que des policiers, voulant coucher avec elle, lui avaient fait des faveurs.
Eh, misère! Jamais ils n’auraient dit ça d’un gars. Pensezvous que Claude Poirier a obtenu ses scoops en couchant avec des flics?