La VILLE QUI a DIT NON À L’AUTO
La congestion routière a diminué, alors que la population et l’économie ont continué de croître
VANCOUVER | Vancouver a bâti son succès en disant non à la domination de l’automobile. Sa congestion routière diminue et sa prospérité augmente.
Alors que Québec repense pour une énième fois l’avenir de la mobilité sur son territoire, Le Journal a passé quelques jours dans la métropole de la Colombie-britannique, où le volume de voitures au centreville ne cesse de diminuer depuis 20 ans, alors que la population et l’économie ont continué de croître. Même aux heures de pointe, la circulation est étonnamment fluide pour une métropole de cette taille.
En 2016, la moitié des déplacements s’y faisaient à vélo, à pied ou en transport en commun.
Vancouver a choisi dès les années 60 d’aller à contre-courant des tendances urbanistiques en Amérique du Nord. Les résidants se sont battus contre le passage d’une autoroute à travers la ville, explique la conseillère Andrea Reimer, responsable des transports et de l’aménagement du territoire dans l’équipe du maire Gregor Robertson. «Une décision fantastique.» Vancouver peut maintenant se targuer d’être la seule ville nordaméricaine exempte d’autoroute en son centre.
«On a appris des erreurs de Seattle qui a bâti des routes le long de cours d’eau et qui les démolit maintenant parce qu’elles ont amené trop de congestion», commente Ian Bruce, directeur des politiques à la Fondation David Suzuki, qui a participé au plan d’action Greenest City. «Vancouver est aujourd’hui reconnue à travers le monde pour être l’un des meilleurs endroits où vivre.»
En 1997, la Ville a résolu de ne plus construire de nouvelles routes. Pour assurer la mobilité, il fallait donc trouver des solutions différentes, dit le directeur des transports de la Ville, Dale Bracewell.
310 KM DE PISTES CYCLABLES
On a mis le paquet sur le réseau cyclable et le transport en commun. Les vélos sont partout en ville sur les 310 km de voies cyclables. Chaque année, la Ville investit 15 millions $ pour les transports actifs. Un investissement avisé, selon M. Bracewell, puisque les trottoirs et les liens cyclables coûtent 100 fois moins cher à entretenir que les routes.
Vancouver dispose d’un réseau de bus diesel, hybrides et électriques, de quatre systèmes d’auto-partage, d’un système de vélo-partage, d’un train de banlieue, d’un traversier et d’un métro souterrain et aérien sans conducteur, le Skytrain. Ce dernier est très populaire. Les bus aussi: les abonnements mensuels suffisent amplement à couvrir les frais de fonctionnement du réseau de Vancouver.
VICTIME DE SON SUCCÈS
L’objectif était aussi de créer des milieux de vie où les gens auraient le goût de s’installer. Cela a tellement bien fonctionné que la ville est maintenant victime de son succès et a vu les prix des résidences s’enflammer.
Québec est différente de Vancouver. Mais même à plus petite échelle, les villes peuvent s’inspirer de ce qu’elle a accompli, estiment nos interlocuteurs. «On peut copiercoller le processus avec lequel on a travaillé avec les communautés pour développer un système de transport qui fonctionne pour elles», fait valoir la conseillère Reimer.