Un nouveau pont payant peu utilisé
VANCOUVER | Un nouveau pont en banlieue de Vancouver est boudé par les camionneurs et les automobilistes parce qu’il est payant.
Le Port Mann Bridge relie Coquitlam à Surrey, en banlieue éloignée de Vancouver. Avec ses 10 voies, il a remplacé en 2012 un ancien pont à six voies. La Ville de Vancouver s’était opposée à son élargissement, plaidant plutôt pour une amélioration de la desserte en transport en commun.
Censé aider à réduire la congestion, il a plutôt eu l’effet contraire, explique Clark Lim, professeur associé en génie civil à l’université de Colombie-britannique (UBC) et consultant en planification du transport. «Moins de personnes l’utilisent maintenant. Le volume a baissé considérablement. Pourquoi? Parce qu’ils ont mis un péage.»
FINANCEMENT DIFFICILE
Alors que 120 000 véhicules l’empruntaient en moyenne chaque jour en 2004, ils n’étaient plus que 100 000 en 2014, ce qui est insuffisant pour assurer son financement. En revanche, le volume de véhicules sur le pont voisin, le Pattullo Bridge, a crû de 10 % à 12 %, causant d’énormes problèmes d’embouteillages.
«On leur avait dit que ça allait arriver. Le péage doit être appliqué équitablement entre tous les ponts. Soit on n’en met nulle part, soit on en met partout.»
À la lumière de cette expérience, M. Lim croit que si les autorités veulent construire un pont-tunnel payant entre Québec et Lévis, elles devraient alors instaurer un péage sur les ponts de Québec et Pierre-laporte. «Au lieu de 3 $ pour un pont-tunnel, faites payer 1 $ pour chaque.»
SOLUTIONS
Mais avant de construire une telle infrastructure, qui coûte très cher, il suggère d’explorer attentivement les solutions de rechange.
«Il serait probablement plus économique de payer les gens pour qu’ils fassent du covoiturage ou d’offrir du transport en commun gratuit! Il y a tant de choses qu’on peut faire avec cet argent. C’est un investissement pour la prospérité des villes. S’entêter à ne voir qu’une solution, celle d’un pont-tunnel, c’est de la mauvaise politique» lance-t-il, précisant qu’il n’est pas anti-pont. «Il en faut, mais il faut bien évaluer les alternatives et ne pas en faire une religion.»