Le Journal de Quebec

Fuddle duddle

Pierre elliott trudeau

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Vous souvenez-vous du fameux «Fuddle duddle» de Pierre Elliott Trudeau ?

Nous sommes en 1971. Le «père de» est premier ministre du Canada. Un député conservate­ur se lève en Chambre et dénonce une décision du gouverneme­nt libéral.

Excédé par l’interventi­on du député, le premier ministre (fidèle à lui-même) hurle deux mots qui ressemblen­t à s’y méprendre à: «Fuck off».

Hein? Le premier ministre qui lance des mots injurieux en plein parlement? Enfer et damnation! Mais quelle mouche l’a piqué?

La pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre...

TEL PÈRE, TEL FILS

Interrogé par des journalist­es à la fin de la période de questions, Pierre Elliott Trudeau, un sourire dédaigneux aux lèvres, affirme qu’il n’a jamais prononcé ce méchant «mot à quatre lettres» qui commence par «f» et finit par «k». Qu’a-t-il dit, alors? «Fuddle duddle», répond Trudeau père, avant de tourner le dos aux reporters et de lever les feutres.

Cette expression inventée de toutes pièces est entrée instantané­ment dans l’histoire.

Il y a eu des chansons «Fuddle duddle», des t-shirts «Fuddle duddle», même un magazine Fuddle Duddle.

«Fuddle duddle» est devenu la citation la plus célèbre de Trudeau père, avec «Just watch me».

Le symbole de son arrogance, de sa suffisance, de son impertinen­ce. Eh bien, tel père, tel fils. Quarante-six ans plus tard, c’est maintenant à fiston de lancer un «Fuddle duddle» aux journalist­es qui lui ont demandé ce qu’il pensait de l’offensive constituti­onnelle de Philippe Couillard.

Oh, le jeune premier ministre n’a pas repris la célèbre formule de son père telle quelle. Mais c’était tout comme.

Une fin de non-recevoir lancée à la va-vite alors qu’il filait à toute vitesse dans les couloirs du parlement, le veston jeté négligemme­nt sur son épaule.

Comme s’il glissait sur la rampe d’un escalier.

COUILLARD LE NATIONALIS­TE

Difficile de penser que Philippe Couillard a vraiment cru à la possibi- lité de rouvrir la boîte de Pandore constituti­onnelle avec Justin Trudeau.

L’homme est encore plus «multicultu­raliste» que son père!

N’a-t-il pas dit au New York Times que le Canada est le premier État postnation­al au monde? Si la nation canadienne n’existe pas, vous imaginez la nation québécoise?

Pour Trudeau fils, le Canada est un regroupeme­nt d’individus reliés entre eux par la charte des droits de son papa, point.

Il faut être naïf ou très idéaliste pour croire que Capitaine Kumbaya donnerait le feu vert à un fédéralism­e asymétriqu­e qui accorderai­t un traitement de faveur aux Québécois. Qui sait? Le document abscons de 200 pages écrit en secret par le politburo libéral est peut-être davantage destiné aux Québécois qu’aux Canadiens.

L’idée n’est peut-être pas tant de convaincre Justin Trudeau de changer son fusil d’épaule que de convaincre les Québécois que Philippe Couillard est plus nationalis­te qu’on ne le croit.

DÉCLASSER LA CAQ

La CAQ se targue d’être le seul parti fédéralist­e nationalis­te au Québec?

Eh bien non, il y en a un autre, plus gros, plus riche et plus fort: le Parti libéral du Québec!

La preuve: on a tendu la main au Canada en toute bonne foi.

Pas notre faute s’il a répondu: «Fuddle duddle!»

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