Le Journal de Quebec

Elle regrette son aventure sexuelle

Sa relation avec un ado de 15 ans sur un bateau près des Bahamas lui a coûté près de 30 000 $

- YANICK POISSON Karine Gagné

Même si les accusation­s contre elle ont été abandonnée­s, Karine Gagné, qui a passé deux mois en prison aux Bahamas pour avoir eu une relation sexuelle avec un ado de 15 ans, affirme que cette aventure lui coûte encore très cher.

Dans une entrevue exclusive accordée au Journal, Karine Gagné, 23 ans, a décrit en détail les événements du 4 janvier qui l’ont menée à avoir une relation sexuelle avec un ado.

Ce soir-là, la femme de Bécancour se trouvait avec des amies au bar du casino sur un paquebot au large des Bahamas. Ils ont alors commencé à discuter avec la famille de l’adolescent.

Elle a notamment dansé avec le grand-père, l’oncle et le cousin de l’ado. Tout le monde avait du plaisir et buvait de l’alcool, y compris l’ado de 15 ans.

À un moment donné, celui-ci a attiré Mme Gagné dans la salle de bain, où ils ont eu une relation sexuelle.

«Il m’a dit qu’il avait l’âge. On était dans un bar et il buvait. Il était en veston-cravate, avec du gel dans les cheveux. Il n’avait pas l’air si jeune que ça. Rendu là, va-t-il falloir demander un baptistair­e pour être sûr?», s’interroge-t-elle.

À sa sortie de la salle de bain, la mère de l’adolescent est venue la trouver et l’a accusée d’avoir eu des relations sexuelles avec le grand-père, l’oncle, le cousin et son fils. Elle s’est alors tournée vers une amie afin de vérifier si elle avait bien compris et a pouffé de rire.

Elle riait évidemment moins lorsque les policiers lui ont mis les menottes et l’ont trainée hors du bateau. Il lui a fallu un moment avant de comprendre qu’on l'arrêtait.

«Ce n’est qu’une fois en prison que j’ai su quel âge il avait», se souvient-elle.

UNE DEMI-VICTOIRE

Mme Gagné a passé deux mois dans des conditions horribles en prison (voir autre texte).

Après avoir été libérée sous condition, elle a appris il y a une semaine que les accusation­s contre elle étaient abandonnée­s et qu’elle n’aurait pas à subir de procès. Elle avait les larmes aux yeux en lisant la lettre qui confirmait qu’elle pourrait rester au Québec.

«Je l’ai relue trois fois et je me suis mise à crier. Ma mère se demandait ce qu’il y avait. Je me suis ensuite mise à pleurer. La pression venait de tomber. C’était un grand soulagemen­t», raconte-t-elle.

Le retrait des accusation­s pesant contre elle constitue une grande victoire, mais la femme de 23 ans n’est toutefois pas au bout de ses peines. Cette aventure a causé beaucoup de dommages à elle et à sa famille.

«Les gens me disent que j’ai gagné. J’ai gagné, mais à quel prix? Ça a détruit ma famille, je risque de perdre la garde de mes enfants et je me retrouve avec une dette», explique-t-elle, précisant que cet épisode avait coûté au bas mot quelque 30 000 $.

LA FÊTE DE SES ENFANTS

Le plus difficile pour la dame de Bécancour a été de dire à deux de ses trois filles qu’elle ne pourrait pas être en leur présence pour leur anniversai­re.

D’un naturel discret, Mme Gagné a trouvé difficile de se retrouver sous les projecteur­s. De nombreux journalist­es ont tenté de l’interroger et ont sollicité ses proches, parfois de manière déplaisant­e.

«Il y en a qui ont fait trois fois le tour de mon village. Ma famille s’est brûlée mentalemen­t et physiqueme­nt à répondre aux médias. Ma soeur a dû être escortée par les policiers pour se rendre à son véhicule. Mes enfants se sont fait gosser, ils ont été changés de garderie», continue-t-elle.

Puisque son lieu de résidence a été rendu public, elle a songé à déménager. Maintenant que la tempête est passée, elle espère retourner rapidement dans l’anonymat et souhaite que les journalist­es la laissent tranquille.

UNE LEÇON

Karine Gagné mordait déjà dans la vie avant les événements et elle compte le faire davantage maintenant. Être privée de son téléphone intelligen­t pendant deux mois lui aura permis de se «sevrer», et elle le laisse de plus en plus de côté.

«Ce que je retiens le plus dans tout ça, c’est que tu as beau faire confiance à la personne, tu ne peux jamais être certaine. Ce n’était pas lui le problème (l’américain de 15 ans), il disait non, non, non à sa mère. Il a même demandé à son cousin de venir témoigner pour moi», affirme-t-elle.

« Ma famille s’est brûlée Mentalemen­t et physiqueme­nt à répondre aux Médias. Mes enfants se sont fait gosser, ils ont été changés de garderie » –Karine Gagné

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Karine Gagné a refusé de se faire photograph­ier par Le Journal. Elle souhaite retomber dans l’anonymat le plus rapidement possible.

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