Le Journal de Quebec

La SQ perquisiti­onne malgré des opposition­s

Des policiers trouvaient la démarche trop intrusive

- Catherine Montambeau­lt

La Sûreté du Québec est allée de l’avant dans la perquisiti­on au domicile d’un journalist­e même si plusieurs conseiller­s en communicat­ion de l’organisati­on se sont opposés à cette «démarche intrusive».

Lors de son témoignage devant la commission Chamberlan­d hier, le capitaine Guy Lapointe, responsabl­e du Service des communicat­ions de la SQ, a raconté qu’il avait fait part de ses inquiétude­s à la haute direction au moment où la perquisiti­on visant le journalist­e Éric Yvan Lemay se préparait, en 2012.

À l’époque, M.lapointe occupait le poste de conseiller en communicat­ion. «C’est sûr qu’il y a des préoccupat­ions quand il est question de perquisiti­onner le domicile d’un [membre d’un] média, a-t-il indiqué. J’ai personnell­ement émis des réserves quant à cette approche-là. J’avais un collègue, qui occupait les mêmes fonctions que moi, […] qui avait une opinion semblable. Et le responsabl­e des communicat­ions avait également des préoccupat­ions.»

«Moi, j’ai proposé une approche différente, où j’aurais pu prendre contact avec des gens du Journal de Montréal, a ajouté M. Lapointe. Peut-être qu’on aurait pu voir comment […] on pouvait rendre ça plus “convivial”, à défaut d’un meilleur mot. De rendre ça moins intrusif.»

CONSEILS IGNORÉS

Au final, la haute direction a fait fi des recommanda­tions de Guy Lapointe et de ses collègues. Ces derniers n’ont appris que le matin même de la perquisiti­on que la décision d’exécuter l’opération avait été prise.

Le domicile d’éric Yvan Lemay a été perquisiti­onné tôt en matinée le 15 mars 2012 parce que le journalist­e était soupçonné d’un «vol de moins de 5000$ et de trafic de renseignem­ents identifian­ts» pour son reportage dans Le Journal démontrant qu’il avait facilement eu accès à des dossiers médicaux confidenti­els, laissés sans surveillan­ce dans des corridors de plusieurs hôpitaux de Montréal.

Aucune accusation n’avait finalement été déposée contre lui, mais l’ampleur de l'opération avait notamment été dénoncée par la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec.

La SQ a plus tard dû verser 25 000 $ à M. Lemay pour l’avoir diffamé dans une vidéo mise en ligne sur son site web à la suite de cette affaire.

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Le 15 mars 2012, des policiers de la SQ ont perquisiti­onné le domicile du journalist­e Éric Yvan Lemay. L’ampleur de l’opération avait été fortement dénoncée à l’époque.

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