La SQ perquisitionne malgré des oppositions
Des policiers trouvaient la démarche trop intrusive
La Sûreté du Québec est allée de l’avant dans la perquisition au domicile d’un journaliste même si plusieurs conseillers en communication de l’organisation se sont opposés à cette «démarche intrusive».
Lors de son témoignage devant la commission Chamberland hier, le capitaine Guy Lapointe, responsable du Service des communications de la SQ, a raconté qu’il avait fait part de ses inquiétudes à la haute direction au moment où la perquisition visant le journaliste Éric Yvan Lemay se préparait, en 2012.
À l’époque, M.lapointe occupait le poste de conseiller en communication. «C’est sûr qu’il y a des préoccupations quand il est question de perquisitionner le domicile d’un [membre d’un] média, a-t-il indiqué. J’ai personnellement émis des réserves quant à cette approche-là. J’avais un collègue, qui occupait les mêmes fonctions que moi, […] qui avait une opinion semblable. Et le responsable des communications avait également des préoccupations.»
«Moi, j’ai proposé une approche différente, où j’aurais pu prendre contact avec des gens du Journal de Montréal, a ajouté M. Lapointe. Peut-être qu’on aurait pu voir comment […] on pouvait rendre ça plus “convivial”, à défaut d’un meilleur mot. De rendre ça moins intrusif.»
CONSEILS IGNORÉS
Au final, la haute direction a fait fi des recommandations de Guy Lapointe et de ses collègues. Ces derniers n’ont appris que le matin même de la perquisition que la décision d’exécuter l’opération avait été prise.
Le domicile d’éric Yvan Lemay a été perquisitionné tôt en matinée le 15 mars 2012 parce que le journaliste était soupçonné d’un «vol de moins de 5000$ et de trafic de renseignements identifiants» pour son reportage dans Le Journal démontrant qu’il avait facilement eu accès à des dossiers médicaux confidentiels, laissés sans surveillance dans des corridors de plusieurs hôpitaux de Montréal.
Aucune accusation n’avait finalement été déposée contre lui, mais l’ampleur de l'opération avait notamment été dénoncée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.
La SQ a plus tard dû verser 25 000 $ à M. Lemay pour l’avoir diffamé dans une vidéo mise en ligne sur son site web à la suite de cette affaire.