Le Journal de Quebec

Maudits journalist­es !

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«Vous pouvez aller vous faire foutre. L’éthique, vous ne connaissez pas ça.» C’est par ces élégantes paroles que Marc-yvan Côté a répondu à un scribe du Journal qui voulait ses impression­s sur une nouvelle révélation le concernant. Entendons-nous d’abord pour dire qu’il est surprenant que l’exministre libéral se croie autorisé à donner des leçons d’éthique à qui que ce soit.

Il faut toutefois comprendre M. Côté. Ayant avoué avoir fait de la politique avec de l’argent liquide, puis banni du Parti libéral fédéral, ses amis du PLQ ont continué de le traiter comme si rien n’avait changé à leurs yeux.

Qu’il s’agisse de Sam Hamad, de Philippe Couillard, tout le monde a agi avec l’organisate­ur comme s’il s’agissait d’un bon monsieur, victime d’acharnemen­t médiatique. Pas étonnant qu’il en soit venu à la conclusion que le problème, ce n’est pas lui.

BLÂMER LES MÉDIAS

Au cours des derniers mois, MarcYvan Côté, Pierre Moreau, Jean-marc Fournier et même Charles Robert, attaché de presse du premier ministre, se sont tous permis de laisser entendre la même chose. Les médias qui sortent des nouvelles les concernant étaient moins motivés par la recherche de la vérité que par la volonté de nuire.

Imaginez si le Parti Québécois s’était autorisé le même discours sur les journaux appartenan­t à la famille Desmarais. En outre, on n’a jamais réservé le même traitement à l’équipe d’enquête, qui a pourtant un certain historique d’erreurs dans sa méthodolog­ie.

Jamais jusqu’ici on n’a réussi à démontrer que les reporters du Journal avaient fait usage de mauvaises pratiques dans leur travail. Rappelons qu’ils ont été placés dans un contexte inédit, alors que leur grand patron était chef du PQ.

Pierre Karl Péladeau et l’auteur de ces lignes pourront vous le dire les premiers: personne n’a jamais été ménagé

Quelque chose a changé en politique. On abuse de l’argument du «reductio ad Donald Trump»

dans ces pages.

Néanmoins, quelque chose a changé en politique. On abuse de l’argument du «reductio ad Donald Trump», ces temps-ci dans le débat public. Demeure que tous les politicien­s – et particuliè­rement ceux qui sont au pouvoir – ont pris bonne note que certaines choses qu’ils s’interdisai­ent jusqu’ici sont désormais permises.

HASARDEUXC­ALCUL

L’une d’entre elles, ce serait de croire qu’on peut se sortir d’un mauvais pas en s’en prenant au média qui nous a exposés.

C’est là un bien hasardeux calcul, basé sur des sondages américains récents démontrant que les médias sont désormais perçus comme moins crédibles que les politicien­s. Au Québec, toutefois, on en est encore loin. Le dernier Baromètre des profession­s de Léger accordait un taux de confiance de 55 % aux journalist­es, contre 24 % aux députés et aux ministres.

Il faudra donc regarder ailleurs pour trouver la source de tous ces malheurs. Pourquoi ne pas commencer par ce tiers de l’électorat qui voterait toujours libéral si les 300 véhicules bloqués sur l’autoroute 13 s’y trouvaient encore depuis la nuit du 14 mars?

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