Le Journal de Quebec

Un inacceptab­le fonds d’indemnisat­ion désuet

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

À cause de l’ineptie de l’appareil gouverneme­ntal, les épargnants victimes de fraude financière de la part de leurs représenta­nts ont perdu des dizaines et des dizaines de millions de dollars en réclamatio­ns refusées par le Fonds d’indemnisat­ion des services financiers (FISF). Dans son rapport, la vérificatr­ice générale Guylaine Leclerc a dénoncé cette semaine le FISF qui ne joue toujours pas «pleinement son rôle, soit d'indemniser les victimes de fraude», dit-elle. Ce fonds a pour mandat de dédommager jusqu’à hauteur de 200 000 $ les victimes de fraude financière.

Au cours des quatre dernières années, la vérificatr­ice souligne que moins de 10 % des réclamatio­ns de victimes de fraude financière ont été acceptées. L’an dernier, le FISF a accepté une seule réclamatio­n. Il a ainsi versé une indemnisat­ion de 50 000 $, alors que les frais d’administra­tion du FISF lui ont coûté 1,2 million $. Misère!

Rappelons-nous du scandale Norbourg, en 2006: neuf victimes sur dix n’ont pu se faire dédommager par le FISF à cause de la désuétude de la loi.

NOVEMBRE 2001

Dans une chronique publiée dans La Presse en novembre 2001, j’avais dénoncé le refus du Fonds d’indemnisat­ion des services financiers (FISF) de dédommager plus d’une centaine de petits investisse­urs victimes d’un groupe de courtiers d’assurance-vie qui les avaient fait investir 8 millions de dollars dans une nouvelle compagnie d’assurance-vie.

Raison évoquée par le Fonds à l’époque? «Après une analyse minutieuse des faits, le FISF n'a pu offrir sa protection parce que les investisse­ments, pour lesquels des sommes d'argent avaient été remises aux in- termédiair­es impliqués [c.-à-d. les courtiers], n'étaient pas autorisés par le certificat en assurances de personnes que ces différents intermédia­ires détenaient.»

À la suite de cette déplorable décision, le conseil d’administra­tion du FISF avait adopté en 2002 une résolution unanime dans laquelle il réclamait de modifier en conséquenc­e la Loi sur la distributi­on de produits et services financiers en vue de rendre admissible­s toutes les réclamatio­ns liées aux représenta­nts inscrits.

15 ANS PLUS TARD

Pouvez-vous croire que 15 ans plus tard, le gouverneme­nt du Québec n’a pas encore modifié sa Loi, et ce, malgré les recommanda­tions d’une multitude d’intervenan­ts du milieu financier québécois qui allaient toutes dans le même sens, à savoir indemniser les consommate­urs qui sont victimes de fraude financière de la part des représenta­nts inscrits à l’autorité des marchés financiers, et ce, indépendam­ment des produits financiers.

Ces recommanda­tions proviennen­t notamment de la consultati­on publique sur l’indemnisat­ion des victimes de crimes financiers menée en 2011-2012 à la demande du ministre des Finances Raymond Bachand. Puis également dans un rapport modifiant l’applicatio­n de la Loi que le ministre Carlos Leitao a déposé en 2015.

En mars 2016, le ministre Leitao a annoncé dans son budget 2016-17 une «révision de la loi… afin que le FISF couvre tout investisse­ur victime d’une fraude commise par un représenta­nt dûment certifié, peu importe la nature du produit financier en cause».

Récemment, le ministre Leitao a réitéré sa volonté «de déposer d’ici juin 2017» un projet de loi visant à réviser la Loi sur la distributi­on de produits et services financiers.

Juin est arrivé. On l’attend toujours!

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