Le Journal de Quebec

Que faire quand on n’hérite que de dettes ?

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Lionel Ouellette décède subitement à l’âge de 63 ans, laissant derrière lui sa conjointe… et 186 000 $ de dettes! Seule solution pour son héritière: refuser la succession.

Travailleu­r autonome, Lionel Ouellette offrait des services d’entretien ménager à des commerces, mais ses activités profession­nelles ne lui permettaie­nt pas toujours de joindre les deux bouts. De fil en aiguille, il a gonflé le solde de ses cartes de crédit, de ses marges de crédit et de ses prêts personnels. À cela se sont ajoutés des montants dus à l’impôt, pour atteindre un total de 63 500 $. Au moment de sa mort, la part d’hypothèque de la maison familiale encore à payer par M. Ouellette atteignait 122 500 $.

PLUS DE DETTES QUE D’ACTIFS

Après le décès de son mari, Mme Ouellette prend connaissan­ce de son testament. Seule héritière, elle est également désignée comme liquidatri­ce testamenta­ire, c’est-à-dire responsabl­e du règlement de la succession. Une fois chez le notaire qui procède à l’inventaire des biens, elle constate alors qu’elle reçoit en héritage davantage de dettes que d’actifs… Même si la maison était vendue, il restait encore à la succession 54 500 $ à débourser. Seule solution pour elle: refuser l’héritage de son mari.

«C’est à ce moment-là que Mme Ouellette nous a contactés. Pour sortir de l’impasse, nous avons demandé l’autorisati­on au tribunal de déposer la faillite de la succession, une option qui permet au liquidateu­r de se libérer des tracas liés à ce type de situation. Le tribunal a approuvé la demande après avoir vérifié que la succession était effectivem­ent insolvable», explique Éric Lebel, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Le syndic s’est ensuite chargé de liquider les biens de la succession et de communique­r avec les créanciers de Lionel Ouellette. «Après avoir fait effectuer une évaluation indépendan­te de la mai- son et du véhicule, nous avons pu offrir à sa femme de racheter les actifs du défunt pour la somme de 9000 $», indique Éric Lebel. Ce montant correspond à la valeur des actifs (131 500 $) moins la valeur des dettes garanties (122 500 $, soit la part du défunt sur l’hypothèque de la résidence). Mme Ouellette a donc pu récupérer les meubles, la voiture ainsi que la part de l’équité de son mari sur la maison familiale.

Pour conclure le tout, le syndic s’est ensuite rendu à la Société de l’assurance automobile du Québec et chez le notaire pour officialis­er le rachat de la voiture et de la résidence par la conjointe survivante.

HEUREUSE SURPRISE

Enfin, en fouillant dans les papiers de son défunt mari, Mme Ouellette a eu une heureuse surprise: une assurance-vie de 125 000 $ à son nom. «Puisqu’elle en était la bénéficiai­re désignée, le montant de la prime ne s’est pas retrouvé dans la succession et n’a donc pas dû servir au remboursem­ent des dettes», souligne M. Lebel. Par conséquent, Mme Ouellette a pu toucher l’intégralit­é du montant.

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