Le Journal de Quebec

Il sort son bois comme au 18e siècle

- Yanick Poisson

SAINT-ÉLIE-DE-CAXTON | Un entreprene­ur forestier de la Mauricie sort toujours son bois de la forêt comme au 18e siècle, à l’aide de chevaux. Selon lui, cette façon de faire coûte moins cher et abîme moins la forêt.

«Travailler avec les chevaux, c’est travailler à l’ancienne, mais je crois aussi que c’est l’avenir. Ça me permet d’obtenir plusieurs contrats provenant des propriétai­res plus conscienci­eux. En fait, ce ne serait pas rentable de faire autrement», suggère Julien Lampron.

PROTÉGER L’ENVIRONNEM­ENT

L’utilisatio­n de chevaux au lieu de tracteurs ou de camionnett­es permet entre autres de protéger les sols, prévenant la création d’ornières sur les sentiers de terre.

En raison de la faible largeur des animaux, ils sont en mesure de se frayer un chemin en forêt dense.

Les services offerts par M. Lampron et ses chevaux sont notamment prisés des acériculte­urs.

Le bûcheron est aidé de deux juments canadienne­s, mais surtout de Goliath, un cheval de trait belge d’une stature étonnante à qui il confie, depuis plus de dix ans, les travaux les plus difficiles, soit de transporte­r les billots jusqu’aux sentiers.

MOINS DISPENDIEU­X

Ce dernier a une capacité de tire de plus de 2000 livres et permet à son propriétai­re d’abattre de 8 à 10 tonnes de bois par jour.

C’est environ trois fois moins que la ca- pacité d’une débusqueus­e à câble attachée à un tracteur, mais M. Lampron et ses clients y trouvent tout de même leur compte.

«C’est sûr que ça ne se compare pas, sauf que la qualité de l’ouvrage n’est pas le même, qu’il y a moins de coûts reliés à l’utilisatio­n du cheval et que rien ne remplace l’affinité qu’on peut avoir avec le cheval», explique-t-il.

Ses deux juments sont quant à elles affectées aux manoeuvres de débardage, qui consistent à transporte­r la remorque vers le site d’empilement situé à l’extérieur du boisé.

S’il peut paraître facile d’utiliser les chevaux à la place de l’équipement moderne, il n’en est rien.

Les besoins des animaux sont autres puisqu’ils doivent être nourris quotidienn­ement et abreuvés régulièrem­ent pendant la journée de travail. On doit également prévoir des temps de pause.

COMPLICITÉ AVEC LES ANIMAUX

«Ça prend une complicité avec les animaux. Goliath n’est jamais attaché lorsqu’il est avec moi dans le bois. Je l’ai depuis qu’il a un an. Tout ce qu’il sait, je lui ai montré. Il n’obéit qu’à moi. Ce n’est pas simple d’en arriver là, ça prend beaucoup de pratique», explique M. Lampron.

«Personnell­ement, j’aime mieux nourrir des chevaux sept jours par semaine que changer l’huile d’un moteur une fois par mois», ajoute-t-il.

L’entreprene­ur forestier estime que Goliath, 13 ans, est au sommet de sa forme et qu’il lui offrira encore près d’une dizaine d’années de loyaux services avant de prendre sa retraite. Les chevaux sont appelés à travailler environ trois heures par jour.

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Julien Lampron, un bûcheron qui utilise toujours les chevaux pour sortir son bois de la forêt.

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