Le Journal de Quebec

Comme s’il avait commis un péché

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NASHVILLE | Comment ne pas aimer P.K.? En m’apercevant dans les gradins hier, il a pointé son bâton dans ma direction pour me saluer. Peu de joueurs font ça.

Une fois au vestiaire, Subban était encore une fois le point de mire. Tout le monde voulait lui reparler de sa fameuse prédiction à l’effet que les Predators l’emporteron­t à coup sûr, ce soir, face aux Penguins. C’était comme s’il en avait dit trop. Sa déclaratio­n n’a pourtant rien de grave. Ce n’est pas comme s’il avait affirmé qu’il arracherai­t la tête de Sidney Crosby.

SPÉCIMEN RARE

À une autre époque, joueurs et entraîneur­s disaient pratiqueme­nt tout ce qui pouvait leur passer par la tête.

Mike Milbury avait promis de faire rouler celle de Guy Lafleur dans une série épique Canadien-bruins.

La déclaratio­n de l’ancien défenseur des Bruins n’avait vraiment offusqué personne. Ça s’inscrivait dans le folklore du hockey de l’époque.

Lafleur avait pris ça avec un grain de sel. Il avait continué à patiner la crinière au vent et à étourdir les Bruins avec son style à l’emporte-pièce.

Mais dans l’univers aseptisé qu’est la Ligue nationale de hockey d’aujourd’hui, Subban fait figure de spécimen rare. Certains l’adorent, certains estiment qu’il est une grande gueule centrée sur lui-même. Il ne laisse personne indifféren­t.

C’est ce qui se dégageait d’une émission télévisée du réseau NHL Network, jeudi.

D’un côté, il y avait Butch Goring, membre des quatre éditions championne­s des Islanders de New York au début des années 1980. Âgé de 67 ans, il est de la vieille école qui dit notamment qu’il faut faire attention à ses déclaratio­ns.

De l’autre, il y avait Ken Daneyko, gagnant de trois coupes Stanley avec les Devils du New Jersey. Dans la cinquantai­ne et peut-être parce qu’il était plus ouvert lui-même aux médias, il endossait entièremen­t P.K.

Dans l’esprit de Goring, Subban n’avait pas à assurer que les Predators allaient remporter la victoire ce soir.

«Tout le monde connaît l’enjeu de ce match, expliquait-il.

«Que se passera-t-il si les Predators subissent la défaite? Que restera-t-il à dire?» Tout aura été pratiqueme­nt dit. Les Predators diront que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Les Penguins diront que la série n’est pas terminée et que la quatrième victoire est la plus difficile à obtenir. On connaît le refrain par coeur.

BON POUR LE SPECTACLE

Subban n’a pas bronché d’un poil, vous pensez bien, quand je lui ai fait part des propos de Goring.

«Que plusieurs personnes émettent leur opinion, c’est excellent!, a-t-il dit.

«Je n’ai pas la même plateforme des commentate­urs de NBC et de NHL Network. Cela dit, ils ont droit à leur opinion. Quand j’affirme que nous allons gagner le prochain match, je ne parle pas de moi. C’est en rapport avec mon équipe.

«Si des gens pensent que je veux parler de moi, je n’y peux rien. Et, si je ne me présente pas dans le vestiaire pour répondre aux questions des médias, la ligue va m’en tenir rigueur.»

CHANCEUX DE JOUER EN JUIN

Subban ne pense pas non plus que sa prédiction ajoute quelque pression que ce soit sur les Predators.

«Le mois de juin est commencé et on joue encore au hockey, a-t-il continué.

«Toutes les équipes éliminées aimeraient être à notre place. On joue en finale de la Coupe Stanley, ce dont tout joueur rêve d’avoir la chance de faire dans sa carrière.»

La meilleure chose qui pourrait arriver à Subban serait qu’il inscrive le but victorieux ce soir. Ou qu’il connaisse une soirée de quelques points.

Comme ça, il n’aurait pas à se reprocher d’avoir prédit la victoire des siens.

Si les Predators perdent, on peut être certain qu’ils seront nombreux à lui remettre ses paroles sur le nez. C’est comme ça, c’est la vie. P.K. sait tout ça. Tant pis si vous le faites, tant pis si vous ne le faites pas, comme le dit l’expression.

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Pendant que ses déclaratio­ns font réagir, P.K. continue de s’amuser, comme en fait foi l’entraîneme­nt d’hier.

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