Le Journal de Quebec

Dans le cochon, tout est bon

- ANDREA JOURDAN COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Je me souviens d’un voyage à Cocconato, un petit village du Piémont en Italie, qui s’enorgueill­it de la qualité de son vin et de ses cochons, où j’ai été conviée par le boucher-charcutier-marguiller-conteur d’histoires du village pour assister à l’arrivée des cochons qui deviendron­t

jambons. Les cochons sont arrivés, tout roses, criant de joie à la sortie du camion qu’ils avaient pris pour la première fois, car ces petits chouchous avaient grandi dans un environnem­ent de roi, ne mangeant que de bonnes choses et vivant dans un grand champ autour d’un vieux château. Ils arrivent 3 ou 4 à la fois seulement, car le reste de leur voyage sera solennel : une petite caresse sur une fesse à chacun pour les saluer et ensuite une petite prière pour leur souhaiter bon voyage dans l’au-delà. Je suis sortie de cette pièce enveloppée dans une musique baroque juste après la prière. Après un café et un sandwich au porc confit au bar du village, à mon retour, les chers cochons étaient déjà devenus de la viande. Je ne les ai jamais vus souffrir. Cependant plusieurs mois plus tard, lorsque le boucher m’a envoyé « mon » jambon cru (ou

prosciutto comme on l’appelle ici), je savais que celui-ci venait de la cuisse de Bernardino, celui avec de grands yeux rieurs. Jamais cochon ne fut mangé avec plus de révérence. Il y a quelque chose de magique et de respectueu­x lorsque l’on a vu d’où vient le produit que l’on va manger. Cela dit, le cochon, c’est merveilleu­x parce que rien ne se perd dans cette bête aux qualités charcutièr­es exceptionn­elles. De la tête à la queue, on se sert de tout pour faire de bons repas, que ce soit des pâtés, des terrines, des soupes, des jambons ou simplement une belle côte de porc à griller au BBQ. Petits cochons, merci de vous laisser dévorer par les grands loups que nous sommes.

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