Le Journal de Quebec

L’île du docteur Moreau

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ainsi, selon le ministre Pierre Moreau, il faut arrêter de questionne­r le Parti libéral du Québec sur ses problèmes d’éthique apparents et ses relations avec des personnage­s troubles, car ça décourage les gens de qualité de se lancer en politique.

«Il y a un dommage généralisé et j’espère qu’on va trouver la conscience pour passer à travers cette attitude-là», dit monsieur Moreau.

LE COURAILLEU­X INDIGNÉ

Donc, si je comprends bien le ministre, le problème n’est pas Philippe Couillard ou le Parti libéral.

Le problème, ce sont les journalist­es et les partis d’opposition qui posent trop de questions.

Il faudrait «arrêter de toujours jouer le même disque» et passer à autre chose. Ben coudonc. Drôle de façon de voir les choses. Quand t’es rendu à lancer ce genre de déclaratio­ns farfelues, c’est que tu es à court d’arguments. Ta poche d’excuses est vide. Monsieur Moreau agit comme un mari infidèle qui se fait prendre en train de faire l’amour à sa maîtresse et qui dit à sa femme: «T’étais pas censée être chez le coiffeur, toi? Qu’est-ce que tu fais à me suivre au motel? Tu ne me fais pas confiance, c’est ça?

«Il faut que tu m’espionnes, que tu surveilles mes allées et venues? Ne vois-tu pas que ce climat de suspicion que tu ne cesses de nourrir mine notre mariage? Si tu ne m’avais pas suivi, tu n’aurais jamais su que je te trompais. Tout ça, c’est de ta faute!»

Il faut quand même avoir un sacré culot et du front tout le tour de la tête pour tourner ainsi la table et transforme­r l’accusatric­e en accusée, non?

Le ministre Moreau n’aime pas que l’on pose trop de questions...

LE BON VIEUX TEMPS

L’impression qu’on a, lorsqu’on entend ce genre de déclaratio­ns, est que le Parti libéral du Québec s’ennuie du bon vieux temps où il pouvait piger dans le plat de bonbons sans être embêté. C’était la belle époque! Personne ne posait de questions, tout le monde s’en foutait.

On n’avait même pas besoin de se cacher. Par ici, les enveloppes, par ici, les chèques, par ici, les voyages payés et les repas bien arrosés!

Aujourd’hui, malheureus­ement, on vit à l’heure de la transparen­ce et on exige des comptes…

Non, mais qu’est-ce que c’est que ça?

Comment pensez-vous attirer des gens de qualité dans l’arène politique si on leur demande en plus d’être imputables et de respecter les règles?

Non, mais vraiment, vous n’y pensez pas…!

LE MARIAGE BOURGEOIS

Le contrat qui unit les électeurs et les élus ressemble à un mariage, diton.

Si c’est vrai, monsieur Moreau voudrait qu’on retourne au temps du mariage bourgeois.

Vous connaissez les principes du mariage bourgeois? Simple: l’important n’est pas d’être fidèle à l’autre, c’est de s’arranger pour que l’autre ne découvre pas notre infidélité…

De mon côté, je vais tâcher d’être discret et de préserver la réputation de notre couple.

De l’autre, tu vas tâcher de ne pas poser de questions.

Comme ça, tout le monde va être content et les apparences seront sauves…

Eh bien, désolé, Monsieur Moreau, mais ce genre d’arrangemen­t ne nous satisfait plus. Nous voulons un vrai mariage. Ou alors, un divorce.

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