La longue route des predators vers le succès
NASHVILLE | Broadway était en liesse, comme toujours, hier à Nashville. Car toutes les occasions sont bonnes pour festoyer dans la capitale de la musique. Mais ce printemps, il y a quelque chose de spécial en ville.
Les Predators connaissent les meilleures séries éliminatoires de leur histoire. Ils affrontent les Penguins de Pittsburgh, champions en titre, en finale de la Coupe Stanley.
Broadway est fermée à la circulation depuis jeudi soir. Une scène large comme la rue trône au coin de la 5e Avenue. C’était déjà noir de monde à quelques heures du match, hier.
La mairesse Megan Berry a promulgué une journée de la fierté en l’honneur des Predators, demain. Mais les choses n’ont pas toujours été aussi belles pour l’équipe de hockey.
ILS ONT FAILLI PARTIR
En 2008, madame Berry, qui siégeait alors au sein du comité exécutif municipal, avait voté contre l’adoption d’un bail avantageux pour les Predators.
Tout en se disant consciente des retombées que l’équipe pouvait apporter à la ville, elle ne pouvait se résoudre, à titre de gestionnaire des fonds publics, à l’idée que la Ville fasse un cadeau à une organisation sportive professionnelle.
Les Predators n’en menaient pas large. Ils sont même venus près de lever les pattes.
En 2007, le propriétaire de l’époque, Craig Leipold, en vint à une entente de principe avec le Canadien Jim Balsillie, fondateur de Research In Motion (les téléphones Blackberry) pour vendre l’équipe.
Balsillie s’engagea à garder l’équipe à Nashville pour la saison 2007-2008, mais il ne fit aucune promesse pour la suite des choses.
Un mois plus tard, Leipold résilia son accord avec Balsillie. Mais il fut ensuite rapporté que Leipold tentait de vendre les Predators à William Del Biaggio, un homme d’affaires de San Jose dont le but était de déménager l’équipe à Kansas City pour la campagne 2008-2009.
L’affaire connut son dénouement lorsque des gens d’affaires de Nashville s’associèrent à Del Biaggio pour éviter le départ de l’équipe. Le groupe détenait 73 % de l’équipe, les 27 % restants appartenant à Del Biaggio.
Les Predators étaient sauvés, mais ils n’étaient pas au bout de leurs peines.
Étant aux prises avec des problèmes de prêts bancaires en souffrance, Del Biaggio déclara faillite un an plus tard. Il fut en plus trouvé coupable de fraude par les services d’investigation économiques du FBI, ce qui lui valut une peine d’emprisonnement de huit ans.
Sur la glace, les Predators se tiraient plutôt bien d’affaire, mais ils accusaient un recul sur le plan des abonnés de saison. Les abonnements variaient de 8000 à 9000 alors qu’ils se chiffraient à 12 000 au cours des premières années de la concession, norme qui avait été établie par la Ligue nationale pour l’octroi de la franchise.
QUE DES TERRAINS DE STATIONNEMENT
La ville traversait une période de transformation économique lors de l’arrivée des Predators, il y a 20ans.
Gerry Helper, vice-président senior et consultant, raconte que l’amphithéâtre, qui était connu alors sous le nom de Gaylord Entertainment Center, était entouré de terrains de stationnement et de lots vacants.
Heureusement, il y avait toujours Broadway, avec ses boîtes où on chante et on danse sous des airs de country jusque tard dans la nuit.
Aujourd’hui, Nashville et les Predators se portent à merveille.
La ville est deuxième, derrière New York, au chapitre de la production musicale. Les soins de santé constituent son industrie première, suivie de la musique et du tourisme. La compagnie de pneus Bridgestone, dont le domicile des Predators porte le nom, déménagera ses quartiers généraux à l’automne dans une des nombreuses tours en construction au centreville. La société emploie 16 000 à 17000 personnes dans la ville et les environs.
La mairesse Berry avoue que, si elle avait su ce qu’elle sait aujourd’hui, elle aurait voté pour l’adoption du bail de l’amphithéâtre en 2008. Elle s’est d’ailleurs prononcée en faveur d’un prêt qui a permis d’effectuer des travaux de réfection au Bridgestone Arena en 2012.
La ville est en plein essor. Environ 18 000 à 20 000 nouveaux résidents y prennent racine annuellement.
Le Temple de la renommée de la musique country et les musées en hommage à Johnny Cash et à Patsy Cline sont des lieux prisés des touristes.
La musique résonne aux quatre coins de la ville, les Predators rugissent, Nashville est bien en vie!