Le Journal de Quebec

Crever son canot gonflable

- Mario dumont eblogueur ∫ au Journal cmario. dumont @quebecorme­dia.com L@ mariodumon­t

Quelle crise unique au Bloc québécois! Une majorité de députés d’un caucus expriment publiqueme­nt leur perte de confiance envers la chef du parti. Un gâchis rafistolé in extremis par Martine Ouellet. Dans l’opinion publique, le dommage est fait.

Le pire pour les bloquistes, c’est que le paysage politique n’était pas sombre du tout pour les mois à venir. Le Bloc pourrait bénéficier d’un contexte assez favorable en tant que porte-voix des Québécois.

QUI DÉFEND LE QUÉBEC?

D’abord les députés libéraux de Justin Trudeau prennent peu de place sur la scène publique. Leur défense des dossiers du Québec manque de mordant. Il y a un énorme espace politique pour talonner le gouverneme­nt à la fois sur les dossiers du Québec et sur l’attitude passive de nos représenta­nts.

Par ailleurs, les conservate­urs viennent d’élire un chef de la Saskatchew­an. Andrew Scheer n’est pas un personnage dépourvu d’intérêt, mais, à court terme, il y a peu de chances qu’il agglutine des votes québécois. Très implanté dans l’ouest canadien et obsédé à l’idée de reconquéri­r l’ontario, le Parti conservate­ur ne sera pas demain le champion des intérêts du Québec.

Le NPD, qui a créé la vague orange sous Jack Layton, est sur le point de choisir un chef inconnu des Québécois. Le NPD, qui obtenait presque 50 % des intentions de vote au début de la campagne de 2015, est retombé sous la barre des 20 % au Québec. À mon avis, ce parti est maintenant menacé de dégringole­r sous les 10 %.

En résumé, il y a de la place sur la patinoire pour le Bloc. Après des années à affronter un vent de face, à perdre des appuis, à faire remettre en question sa raison d’être, le Bloc avait une chance de reprendre du poil de la bête. Surtout, les gens du Bloc avaient une chance réelle d’établir une stratégie d’attaque sur une liste d’enjeux afin de prouver leur pertinence.

Le Bloc ne devenait pas un grand paquebot, mais un canot gonflable dans lequel dix députés vaillants, ramant dans la même direction, auraient pu nous surprendre. Martine Ouellet vient de crever le canot gonflable. Difficile à réparer pendant qu’on doit continuer à naviguer…

ÉCHEC DE LA CHEF

Martine Ouellet et ses supporters insistent pour dire que le déchiremen­t public provient d’un groupe de sept députés qui n’ont jamais voulu la voir élue comme chef et qui ne partagent pas son empresseme­nt à parler de l’indépendan­ce en tout temps et en tout lieu.

Allo! Lorsqu’un nouveau chef est choisi par les membres d’un parti, quel est le premier mandat qui lui incombe? Unifier les troupes. Le premier mandat de madame Ouellet consistait à rallier ses députés. Par ses choix dans la distributi­on des fonctions parlementa­ires, par ses embauches de personnel et par son approche au caucus, elle a créé la zizanie. Une belle gaffe.

Sur le fond, je respecte les conviction­s indépendan­tistes de madame Ouellet. Mais le succès passé et futur du Bloc dépend d’une chose: une défense crédible des intérêts du Québec. Les sept récalcitra­nts ont raison.

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Martine Ouellet a rafistolé in extremis un véritable gâchis au sein du Bloc québécois au cours de la dernière semaine. Est-ce que son canot gonflable va continuer à prendre l’eau ? À suivre.
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