Pour Manning, « justice a été rendue »
Première entrevue pour l’ancienne taupe de Wikileaks depuis sa libération
WASHINGTON | (AFP) L’ancienne informatrice de Wikileaks Chelsea Manning a estimé hier dans sa première entrevue depuis sa libération d’une prison militaire que justice avait été faite.
Analyste du renseignement dans l’armée américaine, la jeune femme de 29 ans s’était rendue coupable en 2010 d’avoir fait fuiter des milliers de documents classifiés sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 250000 télégrammes du département d’état, publiés par le site Wikileaks.
Celle qui s’appelait alors Bradley – depuis devenu femme – avait été condamnée à 35 ans de prison, avant de bénéficier d’une remise de peine accordée par l’exprésident Barack Obama.
«J’ai accepté ma responsabilité», a déclaré Chelsea Manning à la chaîne américaine ABC. «Personne ne m’a dit de le faire. C’est mon choix.»
PROFONDÉMENT AFFECTÉE
La jeune femme a expliqué avoir été profondément affectée par les informations qu’elle recevait du champ de bataille en Irak et en Afghanistan, et les cas de victimes civiles.
«Avoir toutes ces informations, la mort, la destruction, le chaos (...) J’ai arrêté de voir seulement des statistiques et des données et j’ai commencé à voir des gens», a dit la soldate transgenre à l’émission Nightline. «La guerre anti-insurrectionnelle n’est pas simple. Ce n’est pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre. C’est le bordel», a-t-elle poursuivi.
Chelsea Manning a dit qu’elle espérait que les 700 000 documents classifiés révélés par Wikileaks susciteraient un débat public et ne pensait pas que ces fuites menaçaient la sécurité nationale des États-unis. «J’ai une responsabilité envers le public, vous savez... Nous avons tous une responsabilité», a encore dit de manière évasive la jeune femme.
«Je me sens très à l’aise sur le fait que justice a été rendue», a expliqué Mme Manning, ajoutant que si elle avait l’occasion de le faire, elle remercierait Barack Obama «de m’avoir donné une chance».