Le Journal de Quebec

3500 victimes de fraude non indemnisée­s

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Depuis sa création en octobre 1999, le Fonds d’indemnisat­ion des services financiers (FISF) a rejeté des réclamatio­ns pour une colossale somme de 259 millions de dollars.

D’octobre 1999 à mars 2016, le FISF n’a versé en dédommagem­ent aux épargnants victimes de fraude que 52,5 millions$, sur des demandes totales de réclamatio­n de 311,5 millions $. C’est à peine 16,8 % des sommes réclamées.

Pis encore. Quand on extrait les indemnités de 31,8 millions$ versées aux victimes de Norbourg, les indemnités versées par le FISF tombent à seulement 20 millions$, sur des réclamatio­ns totales (ex Norbourg) de 280 millions$. Ce qui donne un faible taux d’indemnisat­ion de seulement 7% des demandes de réclamatio­ns déposées au FISF.

LE RIDICULE

Depuis la création du FISF, et ce, jusqu’au 31 mars 2016, quelque 5018 réclamatio­ns ont été déposées. Plus de 70 % d’entre elles ont été carrément rejetées, sous prétexte qu’elles n’étaient pas admissible­s aux critères d’indemnisat­ion en vigueur.

Il y a des années où l’acceptatio­n des demandes de réclamatio­n frise le ridicule. Je pense, entre autres, à l’année 2013-14 où le FISF a versé seulement 1184$, sur des réclamatio­ns totalisant 4,8 millions $. Et comble de ridicule, le FISF avait dépensé cette année-là la somme de 2,5 millions$ en frais d’administra­tion!

Lors d’au moins six autres années, on a vu les frais annuels du FISF dépasser largement les indemnisat­ions versées.

LE PROBLÈME

Pour indemniser les épargnants qui sont victimes de fraude de la part des représenta­nts financiers dûment inscrits à l’autorité des marchés financiers (AMF), le FISF exige que les ré- clamations soient liées strictemen­t aux produits financiers que les représenta­nts ont le droit de vendre en vertu de leurs permis de L’AMF.

Si, par malheur, le véreux représenta­nt vous a soutiré de l’argent avec un produit non couvert par son permis, eh bien, le FISF refusera de vous indemniser.

C’est aberrant comme critère! Tellement aberrant qu’en 2002 le conseil d’administra­tion du FISF avait recommandé au gouverneme­nt du Québec de modifier la Loi sur la distributi­on de produits et services financiers. Le but? Rendre admissible­s au FISF toutes les réclamatio­ns des investisse­urs victimes d’une fraude de la part des représenta­nts détenant leur permis, et ce, peu importe les services ou produits financiers en cause.

LA LOI

Malgré les nombreux scandales financiers, dont celui de Norbourg en 2006, Québec n’a pas encore modifié sa fameuse loi dans le dessein de protéger plus adéquateme­nt les épargnants contre les fraudeurs qui se glissent parmi 48 000 intermédia­ires (représenta­nts, cabinets, sociétés de fiducie, assureurs) inscrits dans les discipline­s suivantes: √ Planificat­ion financière, √ Courtage en épargne collective, √ Courtage en plans de bourses

d’études, √ Assurance de personnes, √ Assurance collective de

personnes, √ Assurance de dommages, √ Expertise en règlement de sinistres.

Après 15 ans de retard, le ministre des Finances Carlos Leitao devrait incessamme­nt déposer le projet de loi qui moderniser­a enfin la Loi sur la distributi­on de produits et services financiers.

Sitôt que la loi révisée sera adoptée, le FISF pourra enfin jouer pleinement son rôle de protecteur des épargnants victimes d’une fraude financière et les indemniser adéquateme­nt.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada