Le Journal de Quebec

Adaptation réussie et sombre constat

Le Déclin de l’empire américain toujours d’actualité

- YVES LECLERC

Des propos qui résonnent toujours, des phrases cultes qui font sourire et une mise en scène efficace et bien tricotée, l’adaptation théâtrale du Déclin de l’empire américain est une belle réussite.

Il y avait certains risques à amener le film de Denys Arcand dans la réalité d’aujourd’hui. En jouant avec la forme, Patrice Dubois et Alain Farah ont réussi en conservant l’esprit du long-métrage.

À l’affiche, pour une dernière représenta­tion, ce soir, à La Bordée, le Déclin de l’empire américain s’immisce un groupe de quarantena­ires réunis dans un chalet.

Séparés en deux groupes, avant de se retrouver devant un agneau aux algues de Kamouraska, les hommes et les femmes parlent de sexe et d’infidélité.

Une solide équipe de comédiens, constituée de Patrice Dubois, Bruno Marcil, Marie-hélène Thibault, Sandrine Bisson, Dany Boudreault, Éveline Gélinas, Simon Lacroix, Marilyn Castonguay et Jean-sébastien Lavoie, évoluent sur un plateau de jeu très épuré et ne quittent jamais les planches.

Les scènes féminines et masculines se succèdent et s’imbriquent dans un ballet habilement chorégraph­ié.

Au bout de 45 minutes, un sentiment de déjà-vu s’installe avec la présence des phrases célèbres et des passages que l’on reconnaît. On se questionne sur la pertinence de transposer cette oeuvre dans une autre époque.

INATTENDU ET FRACASSANT

Les allusions à Tinder, aux gardes partagées de type 5-2-2-5, aux réfugiés syriens, au « grab them by the pussy » de Donald Trump et à 50 Shades of Grey situent cette relecture dans l’époque actuelle.

Infidèles, intellos et au-dessus de leurs affaires, les personnage­s n’ont pas changé.

Et c’est à ce moment que le rustre Marco débarque avec une prise de parole inattendue et fracassant­e, contre les intellectu­els et la culture, épousant les discours souvent entendus dans les radios d’opinion.

Une prise de position qui n’était pas dans le film d’arcand et qui amène l’oeuvre hors du cadre cinématogr­aphique.

Et c’est lorsque tout s’écroule, avec les infidélité­s révélées de Patrice, que les masques tombent et que la dramaturgi­e explose sur les planches.

La mise en scène, le jeu des comédiens, et tout à coup, le Déclin 2.0 vient nous chercher. Et on quitte la salle en s’interrogea­nt sur une société qui n’a pas beaucoup évolué depuis 30 ans. Sombre constat.

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Judith (Sandrine Bisson), Marie-hélène (Marie-hélène Thibeault) et Catherine (Éveline Gélinas) parlent de sexe et d’infidélité pendant que les hommes, au chalet, font de même en préparant le souper.

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