Le Journal de Quebec

Le peuple n’a pas toujours tort

- réjean tremblay rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

Le maire Denis Coderre et une Couple de ministres des gouverneme­nts fédéral et provincial ont fait les Beaux devant les Caméras hier en fin d’après-midi. François Dumontier, Celui que Denis Coderre ne veut pas voir, A souri lui Aussi.

Tout le monde doit sourire. Et pourtant, à part la Formula One Management qui s’assure d’une trentaine de millions par année jusqu’en 2029, on devrait encore se poser plusieurs questions.

Cette entente demeure vicieuse. On annonce que François Dumontier est le promoteur qui a un contrat avec la FOM mais en même temps, le maire Denis Coderre, au nom de la Ville de Montréal, se réserve le droit de le foutre dehors s’il n’atteint pas certains objectifs.

Celui qui peut foutre dehors un subalterne, ça s’appelle un boss.

Le coup de refiler le Grand Prix à evenko, la firme de confiance du maire a échoué. Cette clause en est un reliquat. Mais puisque François Dumontier a un contrat avec la FOM jusqu’en 2029, le faire sauter serait tellement compliqué et coûteux que la clause du maire devient… virtuelle.

PLACE À EVENKO

Ce qu’on sait depuis des mois, c’est que le maire Coderre ne voulait pas de Dumontier comme promoteur. Il considérai­t que Dumontier était incapable de redonner à Montréal la visibilité et les spectacles qu’on pourrait espérer d’une semaine de Grand Prix de F1. Et le maire a dû être un bon vendeur pendant le souper du banquet puisque Chase Carey de Liberty, le nouveau B’wana de la F1, a repris exactement les mots du maire lors d’un point de presse à RDS.

On revient toujours à evenko. La firme de Geoff Molson détient déjà un quasi-monopole sur les organisati­ons d’évènements dans sa ville. D’ailleurs, c’est evenko qui va faire le cash sans prendre un poil de risque avec la Formule E au mois de juillet. Mais c’est la Ville qui va ramasser la plus grande partie de la facture des dépassemen­ts qui vont se chiffrer dans les millions. La première année, ça va se retrouver éparpillée dans le budget du 375e de Montréal, mais pour la suite ben hâte de voir comment ça va se terminer.

Evenko a besoin de vendre des tickets, mon brave ami.

LES PURS DE L’ÉLECTRIQUE

Dans le fond, la Ville investit moins annuelleme­nt que le provincial et le fédéral dans le Grand Prix. Cependant, c’est la Ville qui absorbe le coût des rénovation­s des paddocks. Une cinquantai­ne de millions. Amortis sur dix ans. C’est moins que ce que va coûter la Formule E mais c’est évident que c’est en s’appuyant sur cet investisse­ment que le maire a arraché le droit de tenter de bosser le promoteur.

La même Ville a créé de toutes pièces sa propre compétitio­n comme partenaire de la F1 avec la Formule E, même bassin d’amateurs, mêmes téléspecta­teurs, mêmes commandita­ires. Mais le maire Coderre a droit de faire la promotion de l’électrique, un jour on va y arriver.

Va falloir cependant qu’on m’explique comment Alexandre Taillefer, assez électrique pour avoir été nommé au conseil d’administra­tion de Montréal, c’est électrique, l’organisme derrière le Grand Prix de Formule E, peut avoir été intéressé au point de rencontrer Bernie Ecclestone pour devenir promoteur du Grand Prix de Formule 1 ?

Et comment Sylvain Vincent, président de Montréal, c’est électrique, peut avoir négligé de nommer Normand Legault sur son conseil ? Le même Sylvain Vincent est membre du c.a. de Solotech, l’entreprise dont Normand Legault est président du conseil et directeur général ?

Y a-t-il quelqu’un qui ne voulait pas voir Normand Legault au sein de ce conseil ? Était-il trop « pétrole » ?

D’ailleurs, on peut être électrique et avoir fait carrière dans le pétrole. Pierre Desrochers, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, a passé 35 ans chez l’impériale Esso. Imperial Oil. Ou Esso si vous aimez mieux.

Tant mieux, car les dizaines de génératric­es au pétrole que la Ville a louées pour son Grand Prix électrique vont consommer plus que toutes les génératric­es de la F1. Au moins, on va avoir un bon prix.

QUE SE PASSE-T-IL AVEC LE MAIRE ?

Denis Coderre est un homme politique de grande qualité. C’est le Denis Coderre que j’ai connu tout au long de ma carrière. Dans le dossier du Grand Prix du Canada et de la course de Formule E, je ne suis pas arrivé à comprendre sa démarche. Comme je ne comprends pas qu’un homme politique aussi prudent que lui ait pu prendre autant de risques dans ce dossier.

Qu’on me suive bien. Il se peut fort bien que les années 2020 appartienn­ent aux véhicules électrique­s. Il se peut que le maire Coderre soit à l’avant-garde avec son Grand Prix de Formule E, même s’il sera certaineme­nt déficitair­e. Et il se peut que le besoin de faire progresser la marche vers l’électrique justifie les dépenses.

Mais alors, si les années 2020 vont appartenir à l’électrique, pourquoi investir plus de 75 millions dans la Formule 1 du passé ?

Je vais vous donner un bout de réponse. Hier, les gradins étaient pleins et Montréal était en fête. 300 000 personnes vont payer pour venir encourager Lance Stroll.

Les hôtels sont pleins. Les restaurant­s aussi. Les gens sont beaux et les robes qui n’ont pas été portées aux Gémeaux et aux Artis où on porte des tshirts insultants, on les a vues au bal de la F1. Ce sont les gens qui font la Formule 1.

Des fois, le peuple n’a pas toujours tort.

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Le maire Denis Coderre a apposé sa signature au bas de l’entente sous le regard de Sean Bratches de Formula One Management.
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