Mythes déboulonnés
Les consultations sur la mobilité durable organisées par le maire Labeaume auront au moins eu l’avantage de déboulonner le mythe à l’effet que les gens de Québec s’opposent massivement au transport en commun.
Les quatre séances de consultations ont attiré pas moins de 725 citoyens la semaine dernière, dont une centaine par un beau – et rare – samedi ensoleillé à Québec. Il y a donc un intérêt certain pour la mobilité durable et le transport en commun parmi la population.
Tant et si bien que le message qui est ressorti de la plupart des interventions n’est pas à l’effet que les gens en ont marre d’entendre parler de transport collectif. Bien au contraire, les citoyens de Québec souhaitent un réseau mieux structuré pour pouvoir l’utiliser.
Si je devais résumer le message général, j’irais avec : «Donnez-nous les moyens d’utiliser le transport en commun, s’il vous plaît!»
C’est vrai au centre comme dans les banlieues, qui souhaitent être mieux desservies, et avec raison. Il est effarant de lire qu’entre 2003 et 2007, les temps de parcours des autobus du RTC en général ont augmenté de 40 %.
AU TOUR DU MAIRE
Maintenant, ne soyons pas dupes. Il ne faut pas compter sur ces consultations pour qu’émerge un projet de transport collectif structurant. Comme je le mentionnais la semaine dernière, après tout, les citoyens ne sont pas des experts sur la question. Les idées sont parties dans tous les sens, comme il fallait s’y attendre.
Le maire Régis Labeaume, lui, s’en sort en ayant démontré qu’il sait écouter la population. Il aurait dû aller à sa rencontre bien avant, lorsque le SRB était toujours sur les rails, et peu importe si Lévis avançait à reculons dans le dossier depuis l’automne. Mais le répéter mille fois ne changera pas le fait qu’il soit trop tard.
La responsabilité du maire consistera désormais à proposer un nouveau projet à la population. Celui-ci devra être supporté, comme l’était le SRB, par des experts pour ce qui est de la faisabilité, et par d’autres paliers de gouvernement en ce qui concerne le financement.
NE PAS MANQUER SON COUP
M. Labeaume devra cette fois s’assurer de ne pas manquer son coup, en expliquant bien le projet et en répondant d’avance à toutes les questions possibles et imaginables.
La communication représentera son meilleur atout pour obtenir le consensus qu’il souhaite, c’est-à-dire l’accord et le consentement du plus grand nombre, selon la définition de Larousse.
Le maire s’avère très chanceux de ne pas avoir perdu la face après un échec aussi cuisant. Comme me le faisait remarquer récemment un ex-politicien à l’assemblée nationale, imaginez Philippe Couillard qui, après huit ans de travail et des millions recueillis en financement, et en partie investis, se serait planté de la sorte en abandonnant le projet. Son image ne s’en serait assurément pas remise.
Si la population pardonne bien des choses au maire de Québec, il ne pourra toutefois pas s’en tirer une deuxième fois. D’autant plus qu’il s’est donné comme objectif d’offrir un réseau de transport collectif structurant et efficace d’ici la fin de son règne, ce qu’il voit comme l’un de ses legs.