« Ils n’en ont pas eu pour leur argent... »
«Ça s’est terminé en fiasco. Quand tu signes un contrat avec des témoins pas fiables, ça donne des résultats comme celui-là.»
Me Jacques Normandeau, l’avocat de Richard Hudon dans cette affaire, a plaidé dans de nombreux dossiers impliquant des délateurs en 30 ans de carrière.
Il en a même défendu quelquesuns qui dénonçaient en cour le traitement des autorités à leur endroit.
Il n’en revient pas que la SQ se soit embarquée dans un aussi lucratif contrat avec un criminel «pas fiable» et à la mémoire «chancelante».
«Ils lui avaient offert près d’un million $. À ce prix-là, un délateur va te donner un chapitre de motards au complet. Avec lui, c’est clair qu’ils n’en ont pas eu pour leur argent», a commenté le criminaliste expert en droit carcéral.
SHARQC, PRISE DEUX
Jacques Normandeau a également constaté dans ce dossier que la Couronne a fait «la même affaire» qu’avec les motards arrêtés dans l’opération Sharqc, un dossier qui a fini en queue de poisson devant les tribunaux.
«C’est encore un problème de divulgation tardive d’éléments de preuve essentiels à la défense. Et de liens entre les délateurs et les policiers du Service de protection des témoins [de la SQ].»
C’était la deuxième fois en six ans que Richard Hudon obtenait un arrêt des procédures, ayant fait partie d’une quarantaine de Hells et de trafiquants libérés de toute accusation à la suite de l’opération Sharqc.
Hudon — qui a déjà été condamné à 15 ans de pénitencier pour avoir comploté l’importation de deux tonnes de cocaïne avec le caïd mafieux Raynald Desjardins en 1994 — a passé cinq ans en détention provisoire à la prison d’orsainville avant de bénéficier de cette décision.
Mais le juge Huot a tenu à ajouter qu’il n’éprouvait «aucune sympathie» pour les trafiquants de drogue qui «contribuent, jour après jour, à l’érosion morale de notre société et mettent en péril la santé d’une quantité innombrable de j eunes consommateurs».