Le Montréalais qui a transfiguré Québec
Décédé il y a un an, l’ancien maire Gilles Lamontagne est considéré comme « le père » de la ville, selon son biographe
Il y a un an disparaissait l’ancien maire Gilles Lamontagne, «personnage le plus influent de Québec des 50 dernières années», selon son biographe.
«C’est vraiment lui qui a transformé Québec d’un gros village plus ou moins typé, un peu provincial, à capitale nationale», a insisté l’historien Frédéric Lemieux, auteur de la biographie Gilles Lamontagne: sur tous les fronts.
Cette influence ne tient pas uniquement au poste de maire que M. Lamontagne a occupé entre 1965 et 1977.
Son implication en politique fédérale lui a conféré une stature nationale. «Il a toujours nagé dans les sphères libérales et a été ministre de la Défense et des Postes, note M. Lemieux. C’est vraiment le père de Québec. Il a jeté les bases de ce que la ville est aujourd’hui.»
UNE CERTAINE SOLITUDE
Régis Labeaume admet ressentir une certaine solitude depuis le décès de M. Lamontagne. Après tout, les anciens maires de Québec sont tous décédés, coup sur coup, au cours des dernières années.
«Je n’ai plus de prédécesseurs. C’est toujours un sentiment bien étrange, a-t-il reconnu. Quand je mangeais avec ces gars-là [les anciens maires], il y avait de l’expé- rience et je la buvais. Ils avaient vu neiger.»
VILLE TRANSFORMÉE
Parmi les multiples réalisations de Gilles Lamontagne, le biographe Lemieux note la profonde transformation de l’administration municipale.
«Grâce à lui, on a eu une administration municipale compétente et diplômée où les recrutements se faisaient par concours. Avant lui, c’était du copinage et de la corruption.»
La priorité de M. Lamontagne, durant ses 12 ans à la tête de la municipalité, fut de «rattraper» Montréal. «Il y avait l’expo, le métro, la Place Ville Marie, etc. Lamontagne a voulu imiter ce que faisait le maire Drapeau et faire de Québec une ville moderne et développée», a expliqué Frédéric Lemieux.
PARADOXE
Ce dernier admet un certain paradoxe dans le fait que ce soit un Montréalais de naissance qui ait autant marqué la ville de Québec. «Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il avait décidé, pour des raisons personnelles, de quitter Montréal. Il a complètement adopté Québec et viceversa.»
Comme ce fut le cas l’an dernier, les enfants de Gilles Lamontagne ont préféré demeurer discrets en choisissant de ne pas répondre aux questions du Journal.