Une école différente
L’obligation pour chaque école québécoise de se donner un projet éducatif a été introduite dans la loi sur l’instruction publique en 1988. J’ai souvenir des campagnes ministérielles qui incitaient les écoles à devenir un milieu de vie original correspondant aux caractéristiques socioculturelles de ceux qui la fréquentaient et l’animaient. La polémique entourant l’école alternative Rose-des-vents de la CSDM rappelle cependant que les bonnes intentions se butent, encore aujourd’hui, aux rigidités bureaucratiques, parfois patronales, tantôt syndicales.
ENTENTES PARTICULIÈRES
Contrairement aux apparences d’un pouvoir accru pour les écoles, selon les affirmations des ministres qui se sont succédé à l’éducation, notre réseau scolaire a été et demeure sous l’égide de normes et de contraintes ministérielles découlant de volontés gouvernementales ou de négociations nationales. Ainsi, toute initiative originale qui déroge aux normes ou conventions collectives, est soumise au bon vouloir des parties locales et peut éventuellement se concrétiser avec une entente particulière.
Dans un univers enclin à homogénéiser l’organisation scolaire, l’existence d’écoles alternatives tient presque du miracle et repose sur la détermination hors du commun de parents et d’enseignants à convaincre les autorités locales de la pertinence de leur projet éducatif.
DÉMOCRATIE SYNDICALE
L’école Rose-des-vents bénéficiait, depuis trois décennies, d’une entente particulière qui lui permettait d’avoir des classes de trois niveaux, contrairement aux dispositions de la convention collective. Le refus du syndicat de renouveler cette entente soulève aujourd’hui la grogne des parents et de ses membres enseignants qui s’adressent au tribunal du travail pour en requérir le maintien.
Sans préjuger du bien-fondé de la réflexion du syndicat, elle le place toutefois dans une situation délicate à l’heure où la démocratie syndicale est mise à mal et qu’encore récemment des parents faisaient des chaînes humaines autour des écoles pour défendre l’école publique.
Paradoxalement, le baratin du ministre de l’éducation sur l’autonomie des écoles voile une plus grande concentration des pouvoirs entre ses mains.