Des tomates vendues ici produites par des enfants
31 % plus de produits viennent de pays à risque
La plupart des Canadiens ignorent qu’en achetant des tomates mexicaines, qui sont deux fois plus nombreuses sur les tablettes depuis cinq ans, ils risquent de contribuer au travail des enfants.
Une étude, préparée par Vision Mondiale, révèle que le Canada a importé l’an dernier 31 % de plus de produits venant de pays fortement susceptibles d’avoir recours au travail des enfants et au travail forcé qu’en 2012.
«L’utilisation des enfants dans les entreprises est probablement sous-estimée par beaucoup de Canadiens. Plusieurs croient sans doute que le progrès économique des pays émergents s’accompagne automatiquement d’un progrès en matière de droits humains alors que ce n’est pas nécessairement le cas», explique Yan Cimon, professeur en management de l’université Laval.
Le rapport croise les importations canadiennes avec les données du Département du Travail aux États-unis qui identifient les pays où il y a des risques sérieux d’utilisation d’enfants ou de travailleurs forcés pour produire des articles et aliments que l’on retrouve dans notre garde-manger ou notre garde-robe.
BOYCOTTER ?
Les tomates du Mexique, le café d’amérique centrale, les vêtements du Bangladesh, les souliers de l’inde et l’huile de palme de l’indonésie en sont des exemples.) Mais selon le professeur en économie du travail Sylvain Dessy, le boycottage de ces produits par les consommateurs canadiens ne serait pas nécessairement une solution qui permettrait d’améliorer les conditions de vie de ces enfants.
AUCUNE ALTERNATIVE
«Bien des enfants travaillent parce que cela leur permet de manger, ils vont continuer de le faire tant qu’il n’y aura pas de meilleure alternative. Boycotter permettrait d’assouvir notre conscience, mais contribuerait à l’appauvrissement de ces familles. C’est un problème beaucoup plus profond. Il faudrait une véritable coopération entre les pays pour éliminer les conditions qui poussent les enfants à le faire», soutient l’expert, qui a luimême dû travailler durant son enfance au Cameroun.