L’enquête sur les activités du groupe en Syrie confiée à trois juges en France
AFP | L'enquête sur le cimentier franco-suisse Lafargeholcim, mis en cause pour avoir indirectement financé des groupes armés en Syrie, a été confiée à trois juges d'instruction, a-t-on appris hier auprès du parquet de Paris.
Après l'enquête préliminaire ouverte en octobre, la justice française a décidé le 9 juin de poursuivre ses investigations, désormais confiées à deux juges d'instruction du pôle financier et à un magistrat instructeur du pôle antiterroriste.
Cette information vise notamment les chefs de «financement d'entreprise terroriste» et de «mise en danger de la vie d'autrui», a précisé le parquet.
L'enquête devra déterminer les liens qu'a pu entretenir l’entreprise avec plusieurs groupes en Syrie, dont l'organisation jihadiste État islamique, pour continuer à faire fonctionner la cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays, malgré la guerre.
PLUSIEURS PLAINTES
Lafargeholcim fait l'objet de plusieurs plaintes déposées à l'automne par le ministère français de l'économie, mais aussi par des ONG comme Sherpa. Le groupe a admis début mars avoir «indirectement» financé en 2013 et 2014 des groupes armés en Syrie pour maintenir sa cimenterie.
POWER CORP ET PAUL DESMARAIS JR
Rappelons que le conglomérat montréalais Power Corporation, contrôlé par la famille Desmarais, est un actionnaire indirect de poids dans le géant du ciment Lafargeholcim, impliqué dans cette nébuleuse affaire de financement allégué du terrorisme en Syrie. Paul Desmarais Jr, cochef de la direction de Power Corp, siège en outre au conseil d’administration de Lafarge depuis 2008. Selon le dernier rapport annuel de Pargesa (une filiale de Power Corporation), le Groupe Bruxelles-lambert (GBL) (contrôlé indirectement par les familles Frère de Belgique et Desmarais, et détenu en partie par Pargesa) détient 9,4 % des actions de Lafargeholcim.
— Avec la collaboration du Journal