Le Journal de Quebec

Comment amadouer ma fille?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Ma fille a 41 ans. Je l’ai eue à 20 ans et comme par hasard, elle ne communique plus avec moi depuis plus de 20 ans. Elle m’en veut et je ne sais pas exactement pourquoi. J’ai de ses nouvelles par des membres de la famille ou par des lettres et des mails méprisants et accusateur­s qui se terminent invariable­ment par « Lâche ma vie! »

Ne connaissan­t ni son adresse ni son numéro de téléphone, ce n’est certaineme­nt pas moi qui l’achale. Elle me demande d’admettre mes torts, mais ne me dit jamais lesquels. Enfant, elle était rébarbativ­e à toute forme d’autorité: parents, professeur­s, moniteurs ou autres. Elle n’acceptait de consigne de personne. C’était extrêmemen­t difficile pour tout le monde de collaborer avec elle.

Tout le long de sa scolarité elle a prétendu que la chicane et le bruit qui régnaient dans la maison ça l’empêchait d’étudier et de faire ses devoirs. Ce que ses professeur­s croyaient. À 17 ans elle a appelé la DPJ qui est venu vérifier cheznous. Puis elle est restée un an à la maison sans travailler ni aller aux études en se plaignant qu’on la battait alors qu’elle faisait la loi et s’infligeait des blessures.

Les services sociaux ont voulu la placer mais nous avons refusé. Puis elle est partie. Pour l’aider j’ai offert de lui payer son épicerie et d’aller la lui porter. Ma soeur me disait de lui donner l’argent pour qu’elle se débrouille, mais je craignais qu’elle n’utilise l’argent à d’autre fin.

Puis elle a suivi un garçon dans une autre ville et elle est tombée enceinte. Ça fait 23 ans de cela, et quand elle revient dans la région, c’est pour parler négativeme­nt de moi aux parents et amis, qui ensuite me font la tête. Je suis si malheureus­e d’être aussi mal jugée. Je voudrais qu’elle me laisse tranquille. Moi qui ai tellement pris soin d’elle, je trouve ça injuste. Son fils me déteste sans même me connaître.

Aux funéraille­s de ma mère en janvier dernier, elle s’est servie de ma famille pour me faire mal alors que je tentais un ultime rapprochem­ent après autant d’années sans l’avoir vue en lui disant, « …qu’on devrait être capable de s’aimer un peu entre mère et fille. » Même la femme de mon frère a osé me dire « Je te déteste car tu as renié ta fille! » Personne ne prend ma défense, et pourtant ils m’aiment. Je ne comprends plus. Ça m’a fait du bien de me confier à vous

J’ai l’impression qu’il manque un bout du puzzle de votre vie pour vous répondre adéquateme­nt. Mais j’ose avancer que si en votre âme et conscience vous êtes convaincue de n’avoir rien à vous reprocher, pourquoi n’acceptez-vous pas la coupure totale et libératric­e? Pourquoi vous entêter à vouloir qu’un courant d’amour passe encore, alors qu’il semble y avoir incompatib­ilité complète de caractère entre vous? L’amour d’une mère pour sa fille, comme l’inverse, ne doit pas être inconditio­nnel. Votre premier devoir envers vous-même, c’est de vous protéger. Pourquoi vous entêter à vouloir aider une fille qui ne le veut pas? Ça s’appelle encore du contrôle quand, même si c’est pour son bien, on veut trop pour l’autre.

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