Princesse, reine, impératrice ?
Au micro de Paul Arcand, Michaëlle Jean a insisté pour dire qu’elle n’est pas une princesse. Elle a raison: le mot n’est pas assez fort pour décrire son attitude. Le luxe exagéré et une cour à son service ne suffisaient pas: elle en a ajouté en prenant tout le monde de haut.
Le ton hautain utilisé dans ses rares entrevues détruit toutes ses chances de convaincre le public de quoi que ce soit
Sur le plan de l’image comme sur le plan des faits, elle a causé cette semaine un dommage énorme à son organisation. Elle a fourni des arguments aux détracteurs de l’organisation internationale de la Francophonie qui disent qu’elle coûte cher et ne rapporte pas grand-chose.
Personnellement, je crois profondément à l’utilité de la Francophonie. Notre langue n’a pas la puissance de l’anglais sur la planète. Que les pays qui partagent la langue française s’unissent et mettent en commun des intérêts culturels, économiques ou politiques, cela est une bonne chose. Pour nous, Québécois, seuls à parler français sur le coin de notre continent, la Francophonie fournit des alliances utiles.
Cela ne justifie pas que les sommes que nous envoyons à cette organisation internationale soient gaspillées. Bien sûr que les frais de logement et les frais de voyage de la secrétaire générale doivent être normalement assumés. Mais pas un train de vie digne des princes saoudiens avec des fonds publics!
AU DIABLE LA DÉPENSE !
Les dépenses de madame Jean sont nettement exagérées. Difficile d’estimer les travaux essentiels en matière de plomberie à la résidence officielle, mais à un demi-million pour rénover un appartement, on imagine qu’il y a eu du faste et du beau. 57 000 $ pour l’informatique, franchement!
En matière d’exagération, comment justifier le choix du Waldorf Astoria comme hôtel pour loger à New York ? 50 000 $ pour quatre jours…
Les explications de madame Michaëlle Jean sont nulles. La sécurité? Les hôtels choisis doivent bien sûr offrir un niveau de sécurité à la hauteur de sa fonction. Mais on ne peut pas sérieusement utiliser ce critère pour justifier les hôtels les plus chers et les plus chics. On peut coucher de façon sécuritaire à New York sans se payer le Waldorf!
De surcroît, le ton hautain utilisé dans ses rares entrevues détruit toutes ses chances de convaincre le public de quoi que ce soit. Elle prend tout le monde de haut en empruntant l’approche de la reine qu’on dérange sur son trône.
DOMMAGES À LONG TERME
L’image personnelle de madame Jean, on s’en balance. Ce qui est grave, c’est le dommage qu’elle cause à son organisation et à ses alliés. Pour des années à venir, lorsqu’il sera question de la Francophonie au Canada, les citoyens n’auront rien d’autre à l’esprit que l’orgie de dépenses.
Et que dire des gouvernements du Québec et du Canada? Nos deux gouvernements avaient mis tout leur poids dans la balance pour pousser la candidature de madame Jean dans une course à cinq. Elle devait amener une «Francophonie moderne» selon les arguments du gouvernement québécois. Aujourd’hui, les mêmes gouvernements ont l’air fous, mal placés pour la défendre, mal placés pour la condamner.