Le Journal de Quebec

Princesse, reine, impératric­e ?

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Au micro de Paul Arcand, Michaëlle Jean a insisté pour dire qu’elle n’est pas une princesse. Elle a raison: le mot n’est pas assez fort pour décrire son attitude. Le luxe exagéré et une cour à son service ne suffisaien­t pas: elle en a ajouté en prenant tout le monde de haut.

Le ton hautain utilisé dans ses rares entrevues détruit toutes ses chances de convaincre le public de quoi que ce soit

Sur le plan de l’image comme sur le plan des faits, elle a causé cette semaine un dommage énorme à son organisati­on. Elle a fourni des arguments aux détracteur­s de l’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie qui disent qu’elle coûte cher et ne rapporte pas grand-chose.

Personnell­ement, je crois profondéme­nt à l’utilité de la Francophon­ie. Notre langue n’a pas la puissance de l’anglais sur la planète. Que les pays qui partagent la langue française s’unissent et mettent en commun des intérêts culturels, économique­s ou politiques, cela est une bonne chose. Pour nous, Québécois, seuls à parler français sur le coin de notre continent, la Francophon­ie fournit des alliances utiles.

Cela ne justifie pas que les sommes que nous envoyons à cette organisati­on internatio­nale soient gaspillées. Bien sûr que les frais de logement et les frais de voyage de la secrétaire générale doivent être normalemen­t assumés. Mais pas un train de vie digne des princes saoudiens avec des fonds publics!

AU DIABLE LA DÉPENSE !

Les dépenses de madame Jean sont nettement exagérées. Difficile d’estimer les travaux essentiels en matière de plomberie à la résidence officielle, mais à un demi-million pour rénover un appartemen­t, on imagine qu’il y a eu du faste et du beau. 57 000 $ pour l’informatiq­ue, franchemen­t!

En matière d’exagératio­n, comment justifier le choix du Waldorf Astoria comme hôtel pour loger à New York ? 50 000 $ pour quatre jours…

Les explicatio­ns de madame Michaëlle Jean sont nulles. La sécurité? Les hôtels choisis doivent bien sûr offrir un niveau de sécurité à la hauteur de sa fonction. Mais on ne peut pas sérieuseme­nt utiliser ce critère pour justifier les hôtels les plus chers et les plus chics. On peut coucher de façon sécuritair­e à New York sans se payer le Waldorf!

De surcroît, le ton hautain utilisé dans ses rares entrevues détruit toutes ses chances de convaincre le public de quoi que ce soit. Elle prend tout le monde de haut en empruntant l’approche de la reine qu’on dérange sur son trône.

DOMMAGES À LONG TERME

L’image personnell­e de madame Jean, on s’en balance. Ce qui est grave, c’est le dommage qu’elle cause à son organisati­on et à ses alliés. Pour des années à venir, lorsqu’il sera question de la Francophon­ie au Canada, les citoyens n’auront rien d’autre à l’esprit que l’orgie de dépenses.

Et que dire des gouverneme­nts du Québec et du Canada? Nos deux gouverneme­nts avaient mis tout leur poids dans la balance pour pousser la candidatur­e de madame Jean dans une course à cinq. Elle devait amener une «Francophon­ie moderne» selon les arguments du gouverneme­nt québécois. Aujourd’hui, les mêmes gouverneme­nts ont l’air fous, mal placés pour la défendre, mal placés pour la condamner.

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