Le Journal de Quebec

Des moyens démesurés pris par la police

- HUGO DUCHAINE

Les policiers ont traqué les sources des journalist­es avec autant, sinon plus d’acharnemen­t, qu’ils le font pour des criminels, s’est insurgé hier le journalist­e Patrick Lagacé.

Le chroniqueu­r s’étonne encore de voir que 24 mandats ont été rédigés uniquement pour le surveiller.

«Un policier m’a dit “moi, je traque des bandits, des gens dangereux et violents, et j’ai de la misère à en avoir des mandats”», a-t-il tenu à faire savoir devant la Commission.

Les policiers de Montréal ont épié ses registres téléphoniq­ues après qu’une source policière lui eut donné une copie d’un constat d’infraction remis au maire Denis Coderre en 2012. En décembre 2014, Patrick Lagacé avait contacté le maire à ce sujet, mais n’avait rien publié puisque le constat avait bel et bien été payé.

« EFFRAYANT »

«C’est effrayant, comme citoyen et pas comme journalist­e [...] J’ai été renversé en lisant les affidavits [présentés à un juge de paix] qui me touchaient par la bande, par les demi-vérités qui étaient là», a-t-il continué.

Ces «demi-vérités» ne sont pas seulement inquiétant­es pour les journalist­es, selon lui, mais aussi pour quiconque susceptibl­e d’être un jour sur le radar de la police.

Il croit qu’un policier qui fait une demande d’autorisati­on judiciaire ne devrait plus être seul avec un juge de paix magistrat, mais en présence d’un «ami de la cour».

«La juge qui a autorisé d’espionner un journalist­e de La Presse pour des scoops qui sortent au Journal de Montréal, il y a clairement une partie du fonctionne­ment du travail des journalist­es qui lui échappe», a-t-il dit.

UN MUR

M. Lagacé réclame aussi un mur entre la police et le politique. «Il n’est pas normal qu’un maire dise “mon chef de police”», a-t-il fait remarquer à propos du maire de Montréal Denis Coderre, qui a déjà appelé deux fois les chefs de police du SPVM, dont une fois «pour péter sa coche».

Il craint aussi que les policiers aient refroidi les sources actuelles et futures des journalist­es.

«On m’a dit: les policiers ont gagné, ils ont eu ce qu’ils voulaient», a-t-il dit.

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