Michaëlle Jean ne se prive pas
Michaëlle Jean a affirmé à Marie-christine Bergeron de LCN, qui la talonnait de questions, qu’elle était l’objet d’une «campagne de diffamation». Dans une autre entrevue, elle a affirmé être «la proie du populisme»…
Encore un cas de: «C’est la faute aux médias». Encore un officiel qui s’en prend au messager et qui préférerait que les journalistes arrêtent de fouiller dans ses factures. Venant d’une ancienne journaliste, c’est assez ironique. Manifestement, la seule posture que madame Jean accepte, c’est qu’on la flatte et qu’on la félicite, comme l’a fait son mari.
Ô TOI, MA MICHAËLLE !
Dans Le Journal, l’année dernière, je vous ai parlé de Un film avec toi, ce documentaire guimauve que Jean-daniel Lafond avait consacré à sa femme, Michaëlle Jean. J’avais révélé que cette infopub de 52 minutes avait été financée par la Sodec (39 675 $) et L’ONF (qui avait fourni 50 000 $ de services techniques).
ICI Radio-canada avait également payé une licence pour diffuser le film.
Le film avait été présenté en primeur mondiale au Festival Vues d’afrique, «au cours d’une soirée spéciale présidée par... Michaëlle Jean»!
Et qui subventionnait le festival et la soirée spéciale? L’organisation internationale de la Francophonie, dont la secrétaire générale est... Michaëlle Jean.
Un mari qui fait un film sur sa femme, sans aucun regard critique, et en chante les louanges… aux frais du contribuable, c’est ça l’idée qu’on se fait du journalisme chez Michaëlle Jean?
C’est sûr que son mari, lui, ne l’aurait jamais questionnée sur le coût de ses rénovations ou ne lui aurait reproché de trop dépenser en voyages…
QUELLE CONTROVERSE ?
La compagnie Influence Communication, spécialisée en analyse des médias, nous apprenait hier une statistique intéressante. Alors que normalement, la contribution moyenne de Radio-canada à l’ensemble de l’actualité est de 23,7 %, sa contribution à la couverture sur Michaëlle Jean au cours des 48 dernières heures n’était que de 3,4 %.
Alors que le Québec se passionnait sur l’affaire Jean, à Radio-canada, on regardait ailleurs. Est-ce parce que Michaëlle Jean est une ancienne collègue? Ou parce que l’histoire a été sortie par le Bureau d’enquête de Québecor?
En tout cas, l’entrevue à laquelle elle a eu droit à Rad-can n’a pas dû trop l’ébranler. Catherine Perrin lui a dit dès le début: «Vous arrivez à Montréal précédée ou accompagnée par une controverse pis vous savez très bien qu’on n’a pas le choix d’en parler un peu. Mais j’ai envie de vous demander, vous n’en avez pas marre de ça, de ce genre de choses-là?»
En termes sportifs, n’est-ce pas ce qu’on appelle une passe sur la palette?
Marc Pichette, des communications de Radio-canada, m’a écrit que Michaëlle Jean avait été invitée à l’émission 24|60… mais qu’elle avait «décliné l’invitation».
PIANO PIANISSIMO
Radio-canada devrait rediffuser ces jours-ci le documentaire de Lafond sur Michaëlle Jean. Tous les contribuables qui ont financé l’organisation de la Francophonie, les rénovations à 500 000 $, les voyages à un million et le piano à 20 000 $ pourraient entendre Michaëlle Jean dire ma phrase préférée de tout le documentaire: «Moi, je ne me suis jamais privée de ce qui est moi…»
On n’en doute pas, Madame Jean. Se priver, ce n’est pas votre genre.