Le débarquement de Normandie sous la loupe
En juin 1944, la résistance que le vieux lion oppose aux Allemands ne faiblit pas. L’opération Overlord – le nom de code du débarquement en Normandie – va avoir lieu. Mais Churchill (Brian Cox) doute et s’interroge sur les chances de réussite de cette invasion en territoire occupé.
Dès les premières images de Churchill, le scénariste Alex von Tunzelmann et le réalisateur Jonathan Teplitzky font du premier ministre britannique un ancien soldat qui doute, et ce, malgré une conscience aiguë de sa place dans l’histoire mondiale. Les vagues rouge sang, le casque d’un soldat mort secoué par le ressac sont autant d’éléments visuels qui symbolisent l’horreur éprouvée à l’idée d’envoyer des hommes au massacre. Ses hommes de surcroît.
Affrontement politique en temps de guerre
Car le sujet de ce long métrage de 98 minutes est également l’affrontement de Churchill avec son vis-à-vis américain. Eisenhower (John Slattery) et le commandant britannique du débarquement, Montgomery (Julian Wadham), ne comprennent pas ses atermoiements, le trouvent ridicule – et ne se privent pas de le lui faire savoir – de vouloir changer, à la toute dernière minute, les plans de l’opération Overlord.
Le vieux lion supplie, tempête, menace. Mais on distingue, fugacement au départ, une désuétude chez ce résistant au nazisme. En effet, malgré l’aura de légende qui l’entoure, on s’aperçoit que Churchill a été marqué par les guerres dans lesquelles il a servi l’armée de l’empire. Car il ne faut pas s’y tromper, Winston Churchill est un homme du XIXE siècle (il est né en 1874) doté d’un profond sens du devoir. Lorsqu’il se lance, devant un Eisenhower médusé, dans une violente diatribe en lui disant que lui et le roi George VI (James Purefoy, parfait dans le rôle) mèneront les hommes sur le terrain, on est à la fois incrédule et admiratif.
Celle qui tente de le rassurer, c’est Clementine Churchill (Miranda Richardson), sa femme, toujours discrètement, mais fermement à ses côtés, ne se gênant pas pour lui dire ses quatre vérités avec une franchise désarmante.
On oublie facilement Brian Cox dans ce portrait somme toute complaisant de l’homme qui a changé le cours de l’histoire européenne et qui symbolise encore – l’image du bulldog vient en tête – cet esprit de résistance hautaine toute britannique. Et l’on sent, dans presque chaque scène, toute l’admiration que Jonathan Teplitzky lui porte. Mais cela n’empêche pas le sujet d’être à ce point spécialisé qu’il n’est pas sûr que ce «Churchill» parvienne à intéresser un large public.