Le Journal de Quebec

Le débarqueme­nt de Normandie sous la loupe

- Isabelle Hontebeyri­e

En juin 1944, la résistance que le vieux lion oppose aux Allemands ne faiblit pas. L’opération Overlord – le nom de code du débarqueme­nt en Normandie – va avoir lieu. Mais Churchill (Brian Cox) doute et s’interroge sur les chances de réussite de cette invasion en territoire occupé.

Dès les premières images de Churchill, le scénariste Alex von Tunzelmann et le réalisateu­r Jonathan Teplitzky font du premier ministre britanniqu­e un ancien soldat qui doute, et ce, malgré une conscience aiguë de sa place dans l’histoire mondiale. Les vagues rouge sang, le casque d’un soldat mort secoué par le ressac sont autant d’éléments visuels qui symbolisen­t l’horreur éprouvée à l’idée d’envoyer des hommes au massacre. Ses hommes de surcroît.

Affronteme­nt politique en temps de guerre

Car le sujet de ce long métrage de 98 minutes est également l’affronteme­nt de Churchill avec son vis-à-vis américain. Eisenhower (John Slattery) et le commandant britanniqu­e du débarqueme­nt, Montgomery (Julian Wadham), ne comprennen­t pas ses atermoieme­nts, le trouvent ridicule – et ne se privent pas de le lui faire savoir – de vouloir changer, à la toute dernière minute, les plans de l’opération Overlord.

Le vieux lion supplie, tempête, menace. Mais on distingue, fugacement au départ, une désuétude chez ce résistant au nazisme. En effet, malgré l’aura de légende qui l’entoure, on s’aperçoit que Churchill a été marqué par les guerres dans lesquelles il a servi l’armée de l’empire. Car il ne faut pas s’y tromper, Winston Churchill est un homme du XIXE siècle (il est né en 1874) doté d’un profond sens du devoir. Lorsqu’il se lance, devant un Eisenhower médusé, dans une violente diatribe en lui disant que lui et le roi George VI (James Purefoy, parfait dans le rôle) mèneront les hommes sur le terrain, on est à la fois incrédule et admiratif.

Celle qui tente de le rassurer, c’est Clementine Churchill (Miranda Richardson), sa femme, toujours discrèteme­nt, mais fermement à ses côtés, ne se gênant pas pour lui dire ses quatre vérités avec une franchise désarmante.

On oublie facilement Brian Cox dans ce portrait somme toute complaisan­t de l’homme qui a changé le cours de l’histoire européenne et qui symbolise encore – l’image du bulldog vient en tête – cet esprit de résistance hautaine toute britanniqu­e. Et l’on sent, dans presque chaque scène, toute l’admiration que Jonathan Teplitzky lui porte. Mais cela n’empêche pas le sujet d’être à ce point spécialisé qu’il n’est pas sûr que ce «Churchill» parvienne à intéresser un large public.

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Brian Cox personnifi­e Winston Churchill.

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