Pizza et poutine pour nos agents correctionnels
Québec a pourtant investi des millions dans sa politique de saines habitudes de vie
Le gouvernement paie de la malbouffe pour nourrir ses agents correctionnels, et ce, malgré les millions de dollars qu’il a investis dans sa politique de saines habitudes de vie.
En octobre 2016, le gouvernement du Québec a annoncé 76 millions de dollars sur 10 ans pour déployer sa nouvelle politique de prévention en santé. Dans son plan, le gouvernement prévoyait une augmentation de 3,7 % de la population qui consommerait au minimum cinq fruits et légumes chaque jour.
Le Journal a mis la main sur les contrats de restauration/livraison de repas pour agents de services correctionnels. Avec les menus observés sur les sites internet des restaurants, les agents correctionnels sont loin des objectifs gouvernementaux.
Selon le ministère, les agents des centres de détention doivent «rester sur place» lors de l’accompagnement de détenus dans les palais de justice ou les hôpitaux, ce qui justifie que leur lunch soit payé. Toutefois, un montant de 60 000 $ a été payé à des restaurants dont le menu présente une majorité de plats correspondant à de la malbouffe.
« MENU VARIÉ »
Le ministère de la Sécurité publique (MSP) assure que les restaurants sont choisis en fonction d’une offre alimentaire variée qui est bonne pour la santé, comme des salades, des crevettes, du poisson ou des menus du jour.
«Les ententes qui ont été convenues avec les différents restaurants pour la livraison de repas au personnel affecté aux quartiers cellulaires, dont Horace au Boulevard [anciennement Horace Poutine] et Freddy Pizzeria, proposent un menu varié incluant plusieurs choix de repas santé», assure le porte-parole du MSP Olivier Cantin.
«L’établissement de détention de Sherbrooke fait affaire avec ces entreprises puisque celles-ci offrent une excellente collaboration en matière d’éla- boration des menus, et ce, afin d’offrir des repas sains au personnel», mentionne M. Cantin.
« PAS L’IDÉAL »
Pour la nutritionniste et conférencière Johanne Vézina, ces choix de restaurant «ne sont pas l’idéal».
Pizza, frites, poutine, poulet BBQ et parfois un seul choix de salade sont offerts sur les menus. «Il y a d’autres options en ligne. Les repas contiennent deux à trois fois plus de sel que la dose recommandée», indique Mme Vézina, soutenant que le menu de plusieurs autres restaurants est axé sur des produits de grande qualité, avec des légumes, des fruits et des sandwichs santé. Elle propose également que le gouvernement éduque les agents correctionnels afin qu’ils apportent des légumes et des fruits les journées où ils seront sur la route, pour pallier l’insuffisance des menus qui leur sont proposés.
«C’est probablement ce qui va manquer dans ces repas-là, dit la nutritionniste. À long terme, la santé de l’employé va être meilleure et c’est nous, les citoyens, qui serons gagnants.»