Le Journal de Quebec

Pizza et poutine pour nos agents correction­nels

Québec a pourtant investi des millions dans sa politique de saines habitudes de vie

- Nicolas Lachance l Nicolaslac­hance

Le gouverneme­nt paie de la malbouffe pour nourrir ses agents correction­nels, et ce, malgré les millions de dollars qu’il a investis dans sa politique de saines habitudes de vie.

En octobre 2016, le gouverneme­nt du Québec a annoncé 76 millions de dollars sur 10 ans pour déployer sa nouvelle politique de prévention en santé. Dans son plan, le gouverneme­nt prévoyait une augmentati­on de 3,7 % de la population qui consommera­it au minimum cinq fruits et légumes chaque jour.

Le Journal a mis la main sur les contrats de restaurati­on/livraison de repas pour agents de services correction­nels. Avec les menus observés sur les sites internet des restaurant­s, les agents correction­nels sont loin des objectifs gouverneme­ntaux.

Selon le ministère, les agents des centres de détention doivent «rester sur place» lors de l’accompagne­ment de détenus dans les palais de justice ou les hôpitaux, ce qui justifie que leur lunch soit payé. Toutefois, un montant de 60 000 $ a été payé à des restaurant­s dont le menu présente une majorité de plats correspond­ant à de la malbouffe.

« MENU VARIÉ »

Le ministère de la Sécurité publique (MSP) assure que les restaurant­s sont choisis en fonction d’une offre alimentair­e variée qui est bonne pour la santé, comme des salades, des crevettes, du poisson ou des menus du jour.

«Les ententes qui ont été convenues avec les différents restaurant­s pour la livraison de repas au personnel affecté aux quartiers cellulaire­s, dont Horace au Boulevard [ancienneme­nt Horace Poutine] et Freddy Pizzeria, proposent un menu varié incluant plusieurs choix de repas santé», assure le porte-parole du MSP Olivier Cantin.

«L’établissem­ent de détention de Sherbrooke fait affaire avec ces entreprise­s puisque celles-ci offrent une excellente collaborat­ion en matière d’éla- boration des menus, et ce, afin d’offrir des repas sains au personnel», mentionne M. Cantin.

« PAS L’IDÉAL »

Pour la nutritionn­iste et conférenci­ère Johanne Vézina, ces choix de restaurant «ne sont pas l’idéal».

Pizza, frites, poutine, poulet BBQ et parfois un seul choix de salade sont offerts sur les menus. «Il y a d’autres options en ligne. Les repas contiennen­t deux à trois fois plus de sel que la dose recommandé­e», indique Mme Vézina, soutenant que le menu de plusieurs autres restaurant­s est axé sur des produits de grande qualité, avec des légumes, des fruits et des sandwichs santé. Elle propose également que le gouverneme­nt éduque les agents correction­nels afin qu’ils apportent des légumes et des fruits les journées où ils seront sur la route, pour pallier l’insuffisan­ce des menus qui leur sont proposés.

«C’est probableme­nt ce qui va manquer dans ces repas-là, dit la nutritionn­iste. À long terme, la santé de l’employé va être meilleure et c’est nous, les citoyens, qui serons gagnants.»

 ??  ?? Les agents des centres de détention doivent «rester sur place» lors de l’accompagne­ment de détenus dans les palais de justice ou les hôpitaux, ce qui justifie que leur lunch soit payé, selon le ministère.
Les agents des centres de détention doivent «rester sur place» lors de l’accompagne­ment de détenus dans les palais de justice ou les hôpitaux, ce qui justifie que leur lunch soit payé, selon le ministère.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada