Les « artistes » des petites annonces
Elles racontent « la belle époque » des années 80 et 90 et l’évolution de leur métier
Appelez-les Danielle, Mireille, Geneviève, Manon… Les huit employées du département des petites annonces cumulent ensemble pas moins de 186 années d’expérience au Journal de Québec. Mais un secret demeurait bien gardé: ces fidèles travailleuses agissent sous un «nom d’artiste» depuis toutes ces années.
«Ça a commencé parce qu’on était trois téléphonistes-vendeuses qui avaient des noms similaires, explique, tout sourire, la doyenne de l’équipe, Lise Desgagné, alias Danielle, qui fêtera ses 40 ans au département des petites annonces en août. On ne voulait pas mêler les clients, donc on s’est donné des surnoms. On appelle ça nos noms d’artiste!»
La tradition s’est poursuivie au fil des décennies, même si le travail au sein du département, lui, a bien changé.
« LA FOLIE » EN 77
«On est passé de l’ère du crayon à l’ère de l’ordinateur», soulève Guylaine Bolduc, surnommée Geneviève, aux petites annonces depuis 18 ans.
«En 1977, quand il y a eu la grève du Soleil, c’était la folie. C’est là que la grosse clientèle est arrivée. On prenait les annonces à la main l’une après l’autre, tellement ça rentrait au téléphone, se remémore Mme Desgagné. On restait jusqu’à 10, 11 heures le soir, parce qu’on tapait les annonces et on les mettait sur dactylo. Mais on avait du fun », insiste-t-elle en parlant de «la belle époque», en référence aux années 80 et 90.
«C’était souvent qui était la plus vite pour prendre la ligne et, des fois, on était deux en même temps», se souvient Mm Desgagné. Une compétition qui n’était pas de tout repos pour les dernières arrivées. «Je ne parlais pas fort, donc je perdais souvent la ligne», mentionne en riant sa collègue Lily Duchesneau, alias Mireille, arrivée en 1986.
UN TRAVAIL VALORISANT
Avec l’avènement du web, évidemment, les petites annonces occupent désormais environ cinq pages par édition, contre une quinzaine il y a 30 ans. Mais le travail de l’équipe des «classées» – diminutif donné au département – est toujours aussi important.
«On a gardé nos forces dans les logements et les emplois, mentionne Martine Dupont, dont le «nom d’artiste» est Manon. Avant, c’était de produire très rapidement, mais maintenant, on est plus axées sur le service à la clientèle. On fait beaucoup de montage pour nos clients, de belles présentations. C’est très valorisant», conclut Mme Dupont, employée au Journal depuis 30 ans.