Le Journal de Quebec

DES BIENFAITS SUR LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES

- DOMINIQUE SCALI

Le co-enseigneme­nt a des bienfaits sur la réussite des élèves, notamment parce qu’il offre une grande souplesse et qu’il permet aux professeur­s d’apprendre les uns des autres, notent les experts.

Des études réalisées au cours des années 2000 ont montré que les élèves qui ont des difficulté­s d’apprentiss­age avaient eu de meilleurs résultats dans un contexte de co-enseigneme­nt que dans une classe normale, particuliè­rement en mathématiq­ues, explique Philippe Tremblay, professeur à l’université Laval.

LIMITES DE L’ANCIEN MODÈLE

«On voit les limites de l’autre modèle, c’està-dire celui qui revient à sortir les élèves en difficulté de la classe pour consulter un spécialist­e, observe-t-il. Un jeune qui est en échec en classe, il ira presque toujours bien quand il se retrouve seul à seul avec l’orthopédag­ogue, par exemple. C’est donc payant d’intervenir au sein de la classe pendant l’apprentiss­age».

Ce modèle permet aussi aux enseignant­s de faire de «l’espionnage pédagogiqu­e», de voir ce que l’autre fait et ce qui fonctionne. «Trop souvent, l’enseigneme­nt se fait en silo, sans qu’il y ait beaucoup de partage des pratiques. Un enseignant peut avoir des difficulté­s, et ce n’est pas forcément parce qu’il est mauvais», dit M. Tremblay.

«Historique­ment et culturelle­ment, être prof est un job solitaire. C’est un des plus grands freins à l’implantati­on du co-enseigneme­nt», déplore-t-il.

C’est pourquoi ce modèle dépend actuelleme­nt du volontaria­t, c’est-à-dire d’enseignant­s qui, comme Jennifer Clermont et Josée Trépanier, ont choisi de l’essayer. Mais pour l’instant, personne ne songerait à l’imposer aux enseignant­s. «On ne peut pas forcer les gens à collaborer. Quand on le fait, qu’on les force, ça ne marche pas», constate M. Tremblay.

Si les deux enseignant­s ont des affinités et qu’ils ont le goût de travailler ensemble, cette approche permet une grande souplesse dans l’enseigneme­nt, abonde son collègue Égide Royer.

«Un peu partout à l’internatio­nal, on cherche des façons de travailler autrement avec les élèvesendi­fficulté.çavadepair­aveclatend­ance à l’inclusion [de ces élèves dans les classes ordinaires]. On dit souvent qu’en enseigneme­nt, 80 % des ressources sont consacrées à 10 % des élèves. Avec le co-enseigneme­nt, c’est 100 % des élèves qui en bénéficien­t», conclut M. Tremblay.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Josée Trépanier explique le fonctionne­ment d’un atelier de mathématiq­ues qui se fait avec des dés. Derrière, Jennifer Clermont supervise un autre atelier. Les élèves se déplacent d’un atelier à l’autre.

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