DES BIENFAITS SUR LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES
Le co-enseignement a des bienfaits sur la réussite des élèves, notamment parce qu’il offre une grande souplesse et qu’il permet aux professeurs d’apprendre les uns des autres, notent les experts.
Des études réalisées au cours des années 2000 ont montré que les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage avaient eu de meilleurs résultats dans un contexte de co-enseignement que dans une classe normale, particulièrement en mathématiques, explique Philippe Tremblay, professeur à l’université Laval.
LIMITES DE L’ANCIEN MODÈLE
«On voit les limites de l’autre modèle, c’està-dire celui qui revient à sortir les élèves en difficulté de la classe pour consulter un spécialiste, observe-t-il. Un jeune qui est en échec en classe, il ira presque toujours bien quand il se retrouve seul à seul avec l’orthopédagogue, par exemple. C’est donc payant d’intervenir au sein de la classe pendant l’apprentissage».
Ce modèle permet aussi aux enseignants de faire de «l’espionnage pédagogique», de voir ce que l’autre fait et ce qui fonctionne. «Trop souvent, l’enseignement se fait en silo, sans qu’il y ait beaucoup de partage des pratiques. Un enseignant peut avoir des difficultés, et ce n’est pas forcément parce qu’il est mauvais», dit M. Tremblay.
«Historiquement et culturellement, être prof est un job solitaire. C’est un des plus grands freins à l’implantation du co-enseignement», déplore-t-il.
C’est pourquoi ce modèle dépend actuellement du volontariat, c’est-à-dire d’enseignants qui, comme Jennifer Clermont et Josée Trépanier, ont choisi de l’essayer. Mais pour l’instant, personne ne songerait à l’imposer aux enseignants. «On ne peut pas forcer les gens à collaborer. Quand on le fait, qu’on les force, ça ne marche pas», constate M. Tremblay.
Si les deux enseignants ont des affinités et qu’ils ont le goût de travailler ensemble, cette approche permet une grande souplesse dans l’enseignement, abonde son collègue Égide Royer.
«Un peu partout à l’international, on cherche des façons de travailler autrement avec les élèvesendifficulté.çavadepairaveclatendance à l’inclusion [de ces élèves dans les classes ordinaires]. On dit souvent qu’en enseignement, 80 % des ressources sont consacrées à 10 % des élèves. Avec le co-enseignement, c’est 100 % des élèves qui en bénéficient», conclut M. Tremblay.