Le Journal de Quebec

L’indépendan­ce : improbable et indispensa­ble ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

D’un sondage à l’autre, la tendance semble se confirmer: le Parti québécois glisse en troisième place dans les sondages. Ce mouvement est indissocia­ble d’un autre: la régression de l’option indépendan­tiste dans la population.

Les Québécois, aujourd’hui, sont indifféren­ts à la question nationale. Pendant quelques décennies, elle était au coeur de toutes les conversati­ons. Dès qu’on parlait de politique, on parlait de souveraine­té.

Plus maintenant.

EXASPÉRATI­ON

Désormais, la question nationale ne passionne que les convaincus. C’est-àdire qu’elle enthousias­me les souveraini­stes militants et ceux qui se réveillent la nuit pour penser du mal de l’indépendan­ce, comme Philippe Couillard. Le commun des mortels, lui, s’en fiche un peu. Il n’y porte plus qu’une attention très discrète, qui vire rapidement à l’exaspérati­on. On comprend l’immense difficulté du PQ, quel que soit son chef: il est porteur d’une offre pour laquelle il n’y a pas vraiment de demande.

Ses militants sont donc prisonnier­s d’une triste alternativ­e. Soit ils misent sur la raison d’être du PQ, au risque de provoquer son rejet brutal par la population. Soit ils laissent leur option de côté pour un temps, mais alors, ils entretienn­ent la population dans l’idée que la souveraine­té est une question secondaire. Ce n’est pas simple.

Allons maintenant à l’essentiel. Les Québécois ont-ils raison de croire que la souveraine­té est un idéal dépassé? Ont-ils raison de croire qu’on peut penser l’avenir politique du Québec sans réfléchir sérieuseme­nt à la question nationale. Non. Ils se trompent. Et très gravement. Voulons-nous encore être un peuple dans cinquante ans, dans un siècle, dans deux siècles? Si oui, on ne peut pas faire comme si notre appartenan­ce à la fédération était sans conséquenc­e.

D’une décennie à l’autre, le poids du Québec y régresse et le poids des francophon­es y régresse aussi. Le Canada nous transforme en minorité impuissant­e et étrangère chez elle. Nous pesons de moins en moins sur le destin du Canada. Il s’en fiche. Il est aujourd’hui mille fois plus intéressé par les revendicat­ions amérindien­nes que par le Québec.

Pire encore, il voit dans notre nationalis­me une forme de suprémacis­me ethnique.

Quand les Québécois s’affirment, on les prend pour des racistes. C’est aussi ce qui arrive quand ils veulent défendre leur identité. De la même manière, dans le Canada, les Québécois ne peuvent pas vraiment décider de leurs choix de société. Ils doivent s’arranger avec les moyens qu’ottawa leur laisse. On le voit dans le domaine de santé.

LIBERTÉ ?

On le voit aussi avec la question de l’oléoduc. Nous ne sommes pas maîtres chez nous. Comment un peuple peut-il accepter de ne pas décider des choses essentiell­es le concernant, sinon parce qu’il s’est habitué à la dépendance? Le Canada nous a habitués à une forme de médiocrité collective. Il nous a habitués à nous contenter de peu et à croire que le fait d’être gouverné par un autre peuple n’est pas bien grave. Le Canada nous décompose lentement mais sûrement.

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